Plus que jamais déterminés à faire aboutir l'idéal démocratique pour lequel ils luttent depuis de longues années, les marcheurs ont mis au diapason leurs slogans avec les développements politiques qu'a connus la scène cette dernière semaine. Ce 15e vendredi de la protesta enclenchée depuis le 22 février, a été celui de la confirmation. C'est que la mobilisation était intacte. Elle ne faiblit pas et résiste à l'usure. Ni la faim, ni la soif etencore mois le soleil de plomb qui montrait son «dard» alors qu'il était au zénith, n'ont eu à infléchir, ou avoir raison de la volonté des marcheurs venus par dizaines milliers, dire non une nouvelle fois au système en place, aux élections, et exiger une période de transition pour l'instauration d'une véritable république, démocratique et sociale. Plus que jamais déterminés à faire aboutir l'idéal démocratique pour lequel ils luttent depuis de longues années, pour lequel tant des sacrifices ont été consentis et un lourd tribut chèrement payé, les marcheurs ont mis au diapason leurs slogans avec les développements politiques qu'a connus la scène cette dernière semaine. Des dizaines de milliers de manifestants ont donc rejeté en bloc les offres de dialogue, les élections, ont insisté sur le changement du système et le départ de tous ceux qui l'incarnent. Parmi les manifestants, nous avons distingué la présence de Said Sadi, ex-président et fondateur du RCD, ainsi que de nombreux ex-détenus du printemps 1980. Les manifestants ont brandi des milliers de pancartes et banderoles, sur lesquelles ils ont fait part de leurs positions par rapport à tout ce qui caractérise la scène politique. «Ceux qui sont à l'origine de la crise ne peuvent la résoudre. Gaid Salah, tu en fais partie. Tout le système doit dégager. Vive l'Algérie». En guise de réponse à l'appel au dialogue lancé par le chef de l'Etat major de l'ANP, les manifestants ont scandés en une seule voix, «la hiwar, la chiwar, transition obligatoire», ainsi que d'autres où il est exigé la mise en place d'une assemblée constituante souveraine. Les autres symboles du système n'étaient pas épargnés par les manifestants. C'est ainsi que Bedoui et Bensalah ont essuyé tant de slogans qui leurs sont hostiles et leur demandant de partir. L'ombre de Fekhar Aussi, cette nouvelle démonstration de rue qui intervient dans un contexte un peu particulier, contexte marqué par la disparition du militant, le Dr Kamal Eddine Fakhar, a été egalement un grand moment de recueillement et d'hommages appuyés à ce grand militant. Les marcheurs ont brandi des centaines de pancartes lui rendant hommage. «De Abane à Fekhar, combien de crimes orchestrés», pouvait-on lire sur l'une des banderoles déployées par les manifestants, qui criaient aussi «assa azekka, Fekhar yella yella», ou encore cette autre «Hommage à Fekhar, martyr de la dignité et de la démocratie». L'ombre de Fekhar a plané tout au long de la marche, et une minute de silence a été observée en hommage à sa mémoire.