Les rues de Boumerdès étaient remplies hier de slogans contre le système en place lors du 18e vendredi de protestation. Les manifestants ont désapprouvé les dernières déclarations du chef d'état-major de l'ANP. «Au lieu d'aller de l'avant et trouver une solution à la crise, les tenants du pouvoir en place tentent de diviser le peuple par tous les moyens et font dans la diversion pour rester aussi longtemps qu'il faut au pouvoir. Leur temps est venu, ils doivent tous partir un jour», lance Ahmed, un manifestant refoulé d'un barrage de gendarmerie à Berrahmoune, sur l'autoroute. Ici, les manifestants sont scrupuleusement fouillés dans l'espoir de retrouver de drapeaux amazighs et refoulés par la suite. «On a été refoulés comme si nous étions aux frontières», a-t-il regretté, avant de dénoncer ces pratiques autoritaires qui ne visent qu'à diviser le mouvement populaire. Dès les premières heures de la matinée, plusieurs barrages de sécurité étaient dressés sur la RN 05 pour empêcher l'affluence de citoyens vers Alger. Certains se sont rendus la veille et ont passé même la nuit à la belle étoile. D'autres ont rejoint la capitale via la mer par barques empruntées chez des poissonniers de la région de Zemmouri. La marche au chef-lieu de wilaya a démarré de Madaure du centre-ville pour sillonner les principales rues, avant que la foule n'observe un grand rassemblement sur le parvis de la Cour de justice. D'autres villes comme Laaziv, Bordj Ménaiel, Issers ou la ville millénaire de Dellys ont vibré au rythme des marches populaires contre le système en place. «Il (Gaid Salah : ndlr) croyait provoquer la division et l'éclatement du mouvement populaire, mais il provoqua le contraire, le peuple est encore uni et la protesta toujours intacte», estime Kamel, un militant politique engagé, avant de poursuivre : «Ces déclarations sont la preuve de l'échec des tenants du pouvoir à répondre favorablement aux revendications populaires et une autre pour dire que le pouvoir ne sait plus quoi faire devant la force populaire qui exige depuis le 22 février dernier le départ de ce système mafieux et corrompu. En plus, ces déclarations sont un moyen de détourner l'opinion publique».