Ces primates à la recherche de nourriture inquiètent les villageois qui se trouvent presque obligés de monter la garde, chaque jour, de peur de voir ces derniers atteindre leurs maisons, nous ont indiqué des habitants de ce village. Les singes magot envahissent la localité d'Akbil, dans la région montagneuse de Ain El Hammam qui se situe à environ 60 km au sud-est de la capitale du Djurdjura. Le village Aourir Ouzemour paie particulièrement les frais de ce phénomène. Cet envahissement provoque, tout naturellement, la colère des habitants qui ne sont plus en sécurité dans leurs propres domiciles. Ces primates à la recherche de nourriture inquiètent les villageois qui se trouvent presque obligés de monter la garde, chaque jour, de peur de voir ces derniers atteindre leurs maisons, nous ont indiqué des habitants de ce village. Déjà qu'ils ont causé des ravages à l'arboriculture et aux jardins potagers, ils se sont mis à envahir les alentours des maisons, ce qui intensifie l'inquiétude des villageois qui sont impuissants devant cette invasion. Les villageois craignent surtout pour leurs enfants qui peuvent être attaqués par ces primates. Devant cette situation face à laquelle les habitants ne savent plus quoi faire, c'est carrément la Direction de la conservation des forêts de la wilaya de Tizi-Ouzou et le Parc national du Djurdjura qui sont interpellés sur l'ampleur des dégâts occasionnés par ce primate et surtout sur les risques qu'il font encourir même à la vie des citoyens. «Aujourd'hui à Aourir, les villageois ne cultivent plus leurs jardins potagers pourtant réputés pour la qualité de leurs légumes arrosés à l'eau de source. C'est bien triste d'abandonner cette culture ancestrale», nous dira un habitant qui précisera également qu'en fait, «il ne sert à rien de le faire puisque les singes magots détruisent toutes les cultures. Aucun jardin potager n'a échappé à ces primates. Alors, autant ne pas se donner de la peine pour rien», ajoute-t-il non sans une pointe de dépit. Même les arbres fruitiers n'échappent pas à cette fatalité. Du coup, à Aourir, on ne produit plus rien. On achète tout. Ce n'est pas la première fois que cette espèce emblématique du Djurdjura devient menaçante en poussant à l'intérieur des villages en quête de nourriture surtout en hiver quand les journées sont rigoureuses et que la nourriture devient introuvable sur les hauteurs de la chaîne montagneuse du Djurdjura. En période de disette, au cœur de l'été et en hiver, ils s'approchent des habitations. Un phénomène récurrent Chaque année, ce fléau menace non seulement l'arboriculture de montagne et les cultures maraîchères, mais aussi la sécurité des habitants des villages. Des régions entières le vivent avec récurrence, notamment dans les régions de Beni Yenni, Akbil, Ouacifs et Iboudrarène. En plus des dégâts occasionnés aux cultures, les singes magots sont arrivés jusqu'aux pas des portes et sur les toits des habitations. Ils ont même enlevé des tuiles qu'ils ont jetées du haut des toits. Cela s'est passé il y a quelques années au village Tala N Tazart. Plusieurs communes de tout le flanc sud sont menacées par ces primates en plus des ravages qu'ils causent aux oiseaux dont ils détruisent l'habitat (les nids) et les œufs. Cette espèce protégée est devenue un fléau qui exacerbe le désarroi des populations devant ce qui peut être considéré comme la passivité des services censés apporter des solutions à cette situation de plus en plus intenable. Selon les zoologistes, «le magot se nourrit de glands, d'écorces, de cônes, d'aiguilles de cèdre, de champignons, de bulbes et de proies animales incluant surtout des insectes, d'autres invertébrés (scorpions) et des amphibiens et son régime alimentaire évolue tout au long de l'année en fonction de la disponibilité alimentaire». Aux abords des zones agricoles, il peut également consommer des fruits, des légumes, des céréales ainsi que d'autres plantes ne figurant pas normalement dans son régime alimentaire, ce qui témoigne de sa grande faculté d'adaptation dans ce domaine, est-il ajouté. Se pencher sur le phénomène Au Djurdjura, il existe de nombreuses espèces endémiques, mais le mammifère le plus emblématique est sans doute le singe magot qui demeure le seul primate d'Afrique du Nord. Selon des études, quoique relativement anciennes, il y a entre 1200 à 1400 individus à travers tout le territoire du Parc national du Djurdjura. Ainsi donc et connaissant le phénomène des intrusions de singes bien au-delà de leur territoire habituel, une nouvelle problématique s'est posée : est-ce que les populations de singes ont augmenté au point où le territoire du parc ne peut plus répondre à leurs besoins, ou bien est-ce que les changements climatiques (sécheresse prolongée) ont influé négativement sur les ressources naturelles du parc ? Ces questions restent pour l'heure sans réponse. Une étude sérieuse est plus que souhaitée à ce propos, ce qui expliquerait peut-être ces incursions hors de leurs territoires. Il va sans dire que l'érection du Djurdjura en parc naturel répond bel et bien à des objectifs précis. En effet, il n'est pas sans importance de mettre en relief les missions statutaires dévolues au parc national du Djurdjura. Elles consistent en la conservation de la faune, de la flore, du sol, du sous-sol, de l'atmosphère, des eaux, des gisements de minéraux et de fossiles, et en général, tout milieu naturel présentant un intérêt particulier, en la préservation du milieu contre les interventions anthropiques susceptibles de l'altérer, en l'initiation au développement de toute activité de loisirs et sportives en rapport avec la nature et à l'observation et au suivi de l'évolution du milieu naturel. Cependant, il est dur de dire que ces missions sont accomplies dans leur intégralité au sein de ce parc classé réservé mondiale de biosphère. Même si des mesures sont annoncées dans le but de reconstituer l'habitat de ce singe qui est la forêt pour éviter son déplacement dans ces villages montagneux, la situation reste désespérante. Cet envahissement est parmi les conséquences de la destruction de la forêt.