Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN) Mouad Bouchareb est en mauvaise posture. Il est sommé, une nouvelle fois par ses pairs, de présenter sa démission de la présidence de la première Chambre du Parlement. Entre les députés du groupe parlementaire du FLN et Mouad Bouchareb, le bras de fer est lancé et la guerre est déclarée entre les deux partis, depuis le 30 mars dernier. Les parlementaires exigent, une nouvelle fois, le départ de Bouchareb, arguant que le FLN s'aligne avec le «Hirak». Dans une déclaration finale ayant sanctionné les travaux de la réunion des parlementaires présidée par le Secrétaire général du parti Mohamed Djemai au siège du FLN, les parlementaires ont appelé le président de l'APN, à «être lié à la discipline imposée par le statut et le règlement intérieur du parti et à se conformer à ses décisions, et ce, en réponse aux revendications du peuple ayant été exprimées explicitement lors de son mouvement pacifique». Ils ont mis l'accent sur l'impératif de «faire prévaloir l'intérêt du pays sur ses aspirations personnelles», estimant que la conjoncture que vit l'Algérie actuellement «n'est pas une période de postes mais plutôt une période de stabilité pour l'Algérie». Ils ont fait part de «leur volonté inébranlable» pour «rétablir la légitimité volée de la présidence de l'APN au sein de l'unité et la cohésion entre les députés, et ce, de manière à garantir l'efficacité de l'organe législatif». Ils ont dénoncé toute tentative «d'atteinte à l'unité des députés», la qualifiant de «faute grave et une atteinte à la règle de la discipline partisane, ainsi qu'une attaque directe aux décisions et aux positions du FLN». Lors de cette rencontre, le SG du parti Mohamed Djemai a haussé le ton à l'endroit de Bouchareb, réitérant son appel pour se retirer de son poste car étant inadmissible de la part des militants du FLN. «Nous avons usé avec lui de toutes les voix du dialogue, mais s'il pense qu'après lui, c'est le déluge ; eh bien, nous utiliserons tous les moyens pour provoquer son départ, y compris l'utilisation de la force !», a prévenu Djemai. Accusant Bouchareb de vouloir créer une «sédition au sein des groupes parlementaires du Sénat et de l'APN à travers des manœuvres condamnables», il a soutenu que «dans tous les cas de figure, notre promesse de répondre à l'exigence du peuple à travers le départ de Bouchareb, sera tenue». «Le départ de Bouchareb est une condition sine qua non de stabilité de l'Assemblée nationale», a-t-il plaidé. Il a appelé les députés du groupe parlementaire à l'APN à «rester unis et à éviter les conflits», mettant l'accent pour eux sur l'impératif de «ne pas autoriser une autre partie à diviser leurs rangs». Acculé et par l'instance de direction du FLN et par le peuple qui revendique son départ dans l'immédiat de l'hémicycle Zighout-Youcef, Bouchareb s'accroche à son poste et semble indifférent aux appels de sa destitution. Le 22 mai dernier, alors que les députés tentaient d'envahir son bureau, Bouchareb a clairement signifié qu'il n'a pas été porté au perchoir par le FLN. «Vous savez très bien qui m'a désigné à ce poste, ce n'est pas vous qui m'avez plébiscité. Je ne démissionne pas», leur a-t-il lancé, en soulignant qu'il s'attend un coup de fil d'en haut ! Le FLN semble en difficulté donc pour accomplir leur démarche pour destituer Bouchareb. D'autant plus que leur principal allié au sein du parlement le RND refuse de le soutenir. Pour les députés RND, la guerre déclarée par la direction du FLN à Moad Bouchareb est incompréhensible. Ils rappellent que Djemai, actuel chef du FLN, était parmi les fervents partisans de la candidature de Bouchareb lors de la destitution forcée de Saïd Bouhadja. Ils soulignent notamment, que l'APN a besoin de stabilité, elle ne peut pas se permettre le luxe d'une nouvelle crise dans le contexte actuel.