L'intérêt des lecteurs algériens pour le livre (éducatif, religieux et scientifique et dans une moindre mesure littéraire) s'est confirmé durant le 18e Salon international du livre d'Alger (Sila), terminé samedi après avoir connu une affluence considérable d'un public partagé entre les espaces de distraction et une programmation jugée trop hétéroclite par les habitués. Avec la présence de 922 exposants de 44 pays, répartis entre les différents stands du Palais des expositions, cette 18ème édition aura proposé, en dix jours d'activité, une grande variété de publications, attirant selon les thématiques et les langues des ouvrages, un nombre appréciable de visiteurs. Un grand intérêt du public pour le livre scientifique et éducatif, prisés pour leur diversité et parfois leur qualité, aura été constaté pendant toute la durée du salon. Au pavillon central du Palais des Expositions des Pins Maritimes (Safex), les maisons d'édition arabes ont, quant à elles, été littéralement prises d'assaut, notamment par des étudiants en quête d'ouvrages religieux et académiques. Les différents stands d'éditeurs algériens et étrangers dédiés à la littérature n'ont pas désempli non plus, surtout lors des ventes dédicaces d'auteurs algériens célèbres comme Ahlem Mostaghanemi ou encore Yasmina Khadra. Parent pauvre de ce salon avec une présence symbolique mais salutaire, le livre en Tamazight n'était, pour sa part, représenté que par quelques maisons d'édition spécialisées dans cette langue. Des expériences inédites dans l'édition ont, par ailleurs été relevées durant ce Sila, à l'exemple des éditions "Voir par le savoir", proposant des ouvrages destinés aux non-voyants ou encore "Tombouctou éditions", une maison malienne dont des ouvrages sont imprimés en Algérie. Résultats mitigés des rencontres en marge A côté de la vente de livres, qui reste la principale vocation du salon, les espaces de distraction et de détente (jeux pour enfants, restauration) ont attiré un nombre très important de visiteurs, des familles en majorité parfois venues de loin, pour qui l'événement est aussi une "sortie" pour le week-end et les jours fériés. Habituellement organisée dans les salles annexes du Palais, les rencontres, littéraires et historiques, ont été déplacées au pavillon central, principal point de chute des visiteurs, mais n'ont, en revanche, pas drainé un grand nombre d'auditeurs. Tenues dans des espaces ne pouvant pas contenir plus de 50 personnes, ces rencontres ont, par ailleurs, abordé des thèmes aussi divers et éloignés que l'écriture de l'intime, les littératures de l'exil ou encore des hommages à des personnalités, littéraires et politiques, récemment disparues. L'absence d'actualité éditoriale d'auteurs invités ou l'inexistence de leurs ouvrages au Salon ont pu également détourner un public qui s'est pourtant déplacé en grand nombre à l'occasion des ventes dédicaces. Les activités de l'"Espace nouveautés", situé dans un stand annexe, ont, quant à elles, souffert de plusieurs annulations et changements de lieu, ainsi que l'a noté une des hôtesses d'accueil qui explique ces disfonctionnements par "le manque de signalisation et la focalisation sur le pavillon central". Seule exception, le stand "Esprit Panaf", reconduit pour la cinquième édition consécutive, a vu des écrivains et des éditeurs d'Afrique présenter des livres de leurs sélections. Cet espace a abrité des débats sur la littérature africaine avec, à chaque rencontre, une vente dédicace de livres d'un des auteurs invités. Le continent africain a, par ailleurs, été au cœur d'un colloque international, deuxième du genre depuis 2012, organisé sur deux jours par le Centre national des recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah) sur les représentation des réalités africaines dans les arts et les lettres. Organisé du 31 octobre au 9 novembre, le 18e Sila, placé sous le slogan, sans doute opportun, de "Ouvre-moi au monde", aura finalement valu par son existence, nul ne pouvant, à ce stade, s'aventurer à dire que l'Algérien a renoué définitivement avec l'édition et le livre dans toute sa variété. Au Salon, beaucoup de parents étaient accompagnés de leurs progénitures, de quoi inciter à l'optimisme car ne dit-on pas que l'amour de la lecture commence par un livre mis entre les mains d'un enfant...