L'attachement des habitants du M'zab (Ghardaïa) à revivifier les coutumes ancestrales pour la célébration de la fête de l'Achoura puise ses racines dans l'authenticité du patrimoine social et culturel de leur région. Pour de nombreuses familles des ksour du M'zab, cette fête revêt une signification spirituelle et culturelle indéniable qui fait perpétuer des traditions à la fois historiques et d'une grande portée sociale telle le nettoiement des cimetières. Cette action sociale, qui s'effectue le jour de l'Achoura, consiste à nettoyer et enlever les détritus et autres objets envahissants et polluants tel les sachets en plastiques, et à désherber les espaces funéraires. C'est aussi une occasion pour se recueillir sur les tombes des défunts proches et procéder au remplacement des palmes pennées que l'on place sur la tombe pour identifier le défunt et agrémenter l'environnement. La visite au cimetière est souvent accompagnée d'une distribution de dattes et de pain pour les passants. "C'est une tradition qui perdure et c'est bien que la communauté garde cet aspect des traditions", a affirmé Ami Ayoub, dont le visage n'a pas résisté aux séquelles du temps et regrette toute tendance à l'oubli des traditions ancestrales. "A chaque occasion, je me contente d'inviter mes enfants et mes petits-enfants pour leur inculquer cette tradition et consolider par la même les liens familiaux et redonner vie aux traditions ancestrales", a-t-il précisé. De son coté, Hadj Bakir estime que Achoura est une occasion idoine pour se tourner vers les voisins, s'enquérir de leur situation et partager avec eux les bons moments. C'est un jour de partage, d'offrande et de charité. "Le tissu urbanistique des ksour de la pentapole est conçu d'une manière à réunir, côte à côte, les familles aisées et les familles nécessiteuses, ce qui permet la consécration de la culture de la solidarité sociale musulmane", a-t-il souligné. De nombreuses familles profitent de cette journée pour s'acquitter d'une contribution matérielle, la Zakat, un des cinq piliers de l'Islam, qui consiste à assister les plus démunis, signale-t-on. Sur le registre culinaire, Achoura est un pur moment de plaisir où deux plats culinaires très prisé par les habitants des ksars du M'Zab dénommés en tamazight "Ibaoun" et "Ouchou Tini" respectivement fèves et couscous à la sauce de datte, sont concoctés à l'occasion de la célébration de Achoura, fête de sauvetage du prophète Moise de la poursuite de Pharaon, signale-t-on. Perçue comme une fête de l'enfance, la tradition veut que la veille de Achoura, les femmes mettent à leurs enfants du "khôl" (poudre d'antimoine que l'on met sur le contour des yeux afin de les mettre en valeur), il donne au regard une profondeur et une luminosité mystérieuse. La plupart des habitants de la région observent le jeûne la veille "tassouaa" (9e jour du mois hégirien de Moharrem) et le jour de achoura "achoura" (10ème jour de Moharrem), conformément à la sunna, signale-t-on.