Les six principaux groupes insurgés islamistes syriens ont annoncé vendredi la formation d'un "Front islamique" qui pourrait constituer la plus puissante alliance combattant le régime de Bachar al Assad. Alors que les différents mouvements rebelles ne parviennent pas à s'unifier, le nouveau Front se pose en concurrent direct de l'Armée syrienne libre (ASL), la principale composante non djihadiste de l'insurrection, soutenue par l'Occident, mais aussi des groupes liés à Al Qaïda. "Cette formation politique, militaire et sociale indépendante vise à renverser le régime d'Assad et à créer un état islamique dans lequel notre Dieu tout-puissant sera notre seule référence et notre seul guide", a dit un porte-parole du Front islamique, Ahmed Eissa, dans une vidéo diffusée par la chaîne qatarie Al Djazira. Ahmed Eissa est le chef de Soukour al Islam, une brigade islamiste qui faisait au départ partie de l'ASL, mais a fait sécession à la suite de désaccords avec le commandement unifié créé l'an dernier, notamment sur le partage des armes. Soukour al Islam a perdu jeudi le contrôle d'une ville du nord de la Syrie, Atma, près de la frontière turque, au profit de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), se réclamant d'Al Qaïda, qui a tiré avantage des combats qui l'ont opposé aux forces du commandement unifié. La brigade Al Taouhid, qui avait joué un rôle décisif dans la conquête par les rebelles d'une partie de la ville d'Alep et d'autres régions du nord de la Syrie en 2012, est un autre pilier du nouveau Front islamique. C'est également le cas d'autres groupes dont les combattants sont présents sur une grande partie du territoire, comme Ahrar al Cham, Soukour al Cham et l'Armée islamique. Tous ces groupes ne sont pas considérés comme aussi radicaux que les djihadistes liés à Al Qaïda, même s'ils ont parfois collaboré avec eux sur le terrain -comme avec les éléments plus modérés de l'ASL.