La promotion de l'enseignement du soufisme et de ses valeurs est "impératif" face aux "dangers extérieurs" de l'extrémisme religieux, facteur de "division" et de "haine" dans les sociétés musulmanes, a affirmé, mardi à Alger, la ministre de la Culture. Khalida Toumi qui s'exprimait à l'ouverture du 10e colloque international "Les routes de la foi", consacré au fondateur de la confrérie Tidjaniya Sidi Ahmed Tidjani, a rappelé que les valeurs, éthiques et philosophiques, du soufisme sont un des "fondements de la culture spirituelle algérienne", contrairement à la vision "étrangère" et "rétrograde" de l'islam, portée par des "ennemis de l'humanité" et dont le but est de "corrompre les esprits", dit-elle. "La culture de l'exclusion et du désespoir qui nous cerne de toutes parts +ne triomphera pas+ tant que nous restons fidèles à nos racines soufies, porteuses d'une culture d'espoir, d'amour et de pardon", a martelé la ministre. De son côté, le plus haut dignitaire dans le monde de la Tariqa Tidjaniya, qui compte des centaines de millions d'adeptes, l'Algérien Sidi Ali Ben Larbi Tidjani a estimé que les "troubles" et le "désordre" que connaissent certains pays musulmans, comme la Libye ou la Mali sont une "épreuve". La confrérie qu'il représente, "préfère se tenir loin de ce débat" sur la "fitna"(division) qui est pire que le meurtre", a tenu à préciser dans une allusion à la surenchère des groupes islamistes qui a conduit au chaos dans ces pays. "La tariqa Tidjaniya est une voie pacifiste qui prône la fraternité entre les hommes à travers les enseignements du Coran et de la Sunna", a rappelé le dignitaire algérien pour mieux se démarquer de l'islam rigoriste tel que pratiqué dans certaines sociétés musulmanes et introduit par des prédicateurs extrémistes au Maghreb et dans les pays du Sahel. Fondée en 1782 par Sidi Ahmed Tidjani à Aïn Madhi (Laghouat), la confrérie Tidjaniya est l'une des voies les plus importantes du soufisme. Très répandue dans les pays du Maghreb et d'Afrique de l'ouest (Sénégal, Mauritanie, Niger, Burkina Faso, etc), elle compte également des adeptes en Asie (Azerbaïdjan, Inde, Pakistan, Indonésie...). Sidi Ali Ben Larbi Tidjani rappelle également "l'importance" d'une collaboration entre religieux et universitaires dans la diffusion des valeurs soufies et de l'histoire des confréries, afin de "dépasser le cadre traditionnel de transmission" et en élargir l'accès au grand public. "Sidi Ahmed Tidjani qui a été un savant avant d'être un saint, a enseigné dans les grands centres de rayonnement de l'Islam comme la grande mosquée de Tlemcen ou la Zeïtouna en Tunisie", rappelle-t-il. Organisé du 17 au 19 décembre à la résidence d'Etat Djenane El Mithaq par le ministère de la Culture et le Cnrpah (Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques), le colloque international "Les routes de la foi" réunit des chercheurs et des religieux de vingt-six pays autour du concept spirituel du "Sceau de la sainteté", titre attribué au fondateur de la Tidjaniya. La présence et la diffusion dans le monde de l'enseignement du fondateur de la confrérie Tidjaniya dont les adeptes célèbreront en 2015 le bicentenaire de la mort seront également abordées lors de ce colloque.