Le stand d'exposition d'ouvrages en braille constitue, de par son originalité et l'opportunité qu'il offre aux non-voyants de se procurer des livres en braille, le clou du 6e Salon du livre "Djurdjura", organisé depuis lundi dernier à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Cette exposition, qui attire beaucoup de badauds en mal d'originalité, est montée par la maison d'édition en braille "Voir par le savoir", basée à Alger, et dirigée par Amalou Abderrahmane, un auteur-compositeur, originaire de la localité d'Azeffoune (60 km au nord-est de Tizi-Ouzou). Divers ouvrages réalisés par cet auteur-éditeur, et transcrits en braille, par lui-même, dans les langues arabe et française, sont exposés dans ce salon. Dans cette exposition trônent en effet, côte à côte, des œuvres littéraires et artistiques puisées du répertoire de cet écrivain de 59 ans, transcrits en en braille, dont des albums de musique, un recueil de poésie "Les mots, les maux ", "Une tranche de vie du prophète (QSSL)", "Lettre aux enfants", "Guide touristique d'Algérie". Pour faire découvrir aux non-voyants le monde magique du cinéma, cet auteur a eu l'idée généreuse d'écrire, en braille en 2013, une première en Algérie, le scénario du film "Mohamed Idir Ait Amrane", figure de proue du mouvement national, réalisé par Si El Hachimi Assad, ainsi que le chant révolutionnaire "Akkar Amis Umazigh" (Lève-toi, fils d'amazigh), composé par cette même personnalité historique, vers la fin de la première moitié du siècle dernier, comme l'a expliqué M. Amalou à l'APS. Dans le domaine de l'histoire, M. Amalou compte à son actif, entre autres, l'écriture en braille de l'Hymne national et des biographies de plusieurs héros de la lutte armée de libération nationale, mis en avant, en la circonstance, au niveau de cette exposition. Interrogé sur ses projets immédiats, cet éditeur a fait état de la finalisation, en cours, de la publication en braille d'un calendrier universel, 2014, en français, et d'un calendrier berbère. Versant dans le mécénat, le gérant de la maison d'édition "Voir par le savoir", qui s'est déjà distingué, au niveau national, par des dons de livres en braille, prévoit de remettre "gracieusement", à la clôture de ce Salon, vendredi prochain, un lot de 200 livres écrits en braille au profit de l'association des non-voyants de la wilaya de Tizi-Ouzou. Dans le cadre de la vulgarisation de l'écriture et de la lecture en braille, cette maison d'édition a organisé, au niveau de son stand, un atelier de démonstration, animé par Karim Belkhodja, un jeune mal voyant de l'Office national des publications scolaires. Selon M. Amalou, l'Algérie compte actuellement plus d'un million de non-voyants, dont 40 % sont initiés au braille à travers 23 écoles, réparties sur le territoire national. "Pour un meilleur accompagnement de cette catégorie sociale vulnérable dans sa quête de surmonter son handicap par l'accès au savoir, nous suggérons à nos confères éditeurs de se consacrer à des publications en braille pour pallier au manque d'ouvrages en la matière", a-t-il préconisé. De même qu'il a tenu à réitérer sa recommandation au ministère de l'Education nationale pour "l'intégration d'une heure de braille dans les programmes scolaires", afin, a-t-il expliqué, "de sensibiliser les élèves sur les conditions de vie de cette frange de la société, sachant que nul n'est à l'abri d'un handicap visuel". Dans ce contexte, M. Amalou a tenu à exprimer sa gratitude au ministère de la Solidarité nationale, pour avoir mis à la disposition des non-voyants des micro-ordinateurs, équipés d'un logiciel en braille, pour les assister dans leurs études et les accompagner dans la vie de tous les jours, a-t-il observé.