Deux nouveaux cadavres d'Africains qui avaient tenté, depuis le territoire marocain, de joindre à la nage la plage Tarajal de Ceuta, le 6 février, ont été découverts hier matin. Le premier a été localisé par un pêcheur sur la plage de Ribera. Le second sera repêché deux heures plus tard sur la plage voisine de Almadraba, ce qui porte à 15 le nombre des ressortissants de divers pays africains, morts par noyade dans leur tentative de joindre la côte du préside espagnol. De ces 15 victimes, au moins l'une d'entre elles est une femme. Depuis hier, les secours maritimes multipliaient les rondes dans la zone à la recherche d'autres corps de victimes de cette tragédie qui est au centre d´une grande polémique à Madrid où le gouvernement de Mariano Rajoy a été sommé de dire la vérité sur ce qui s'est réellement passé le 6 février à Ceuta. L'Espagne est dans le collimateur de la Commission européenne qui mène sa propre enquête sur l'utilisation de moyens violents par la gendarmerie espagnole pour repousser ces dizaines d'immigrés clandestins subsahariens. Bruxelles envisage de prendre des sanctions contre Madrid s'il se confirmait que les forces de sécurité espagnoles ont violé la législation européenne sur les droits de l'homme qui s'impose à tous les Etats membres. Jeudi dernier, le ministre espagnol de l'Intérieur, Fernández Díaz, avait reconnu que les gendarmes de Ceuta avaient lancé des gaz lacrymogènes et tiré des balles en caoutchouc dont la zone d'impact était assez loin du périmètre où se trouvaient les Africains. Pourtant, aucune mesure punitive n'a été prise contre le délégué du gouvernement de Ceuta, Francisco Antonio González, ou le directeur général de la gendarmerie, Arsenio Fernandez de la Mesa, qui est un proche du président Mariano Rajoy. En attendant, Bruxelles suit de près cette grave affaire qui révèle chaque jour un peu plus que la brutalité des gendarmes espagnols est pour une bonne raison à l'origine de la noyade dont le bilan risque encore d'être revu à la hausse.