Tandis que le numéro 1 du FIS-dissous, Abassi Madani, rejette la proposition faite par le candidat Ali Benflis de «réhabiliter» ce parti à l'origine de l'avènement du terrorisme en Algérie, l'Organisation nationale des victimes du terrorisme, dont le siège se trouve à Tipasa, s'est indignée, hier, devant l'initiative de cet ex-chef du gouvernement qui, pour des raisons électoralistes et dans sa quête du pouvoir, n'a pas hésité à trahir la mémoire des 200 000 victimes du Groupe islamique armé (GIA), du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) et Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Ali Benflis, qui a exprimé sa sympathie envers les radicaux et des plus intégristes parmi les dirigeants de l'ex-FIS, s'est engagé à un retour «par la grande porte» de ce parti intégriste, quitte à mettre la sécurité et la stabilité du pays en danger. Ali Benflis s'est également engagé, dans un meeting animé dans la wilaya de Constantine, à permettre aux dirigeants du FIS-dissous d'exercer de hautes fonctions dans l'Etat s'il est élu à la présidence de la République. Il a, en outre, et toujours dans le cadre de sa mise en gage de la sécurité et stabilité du pays, annoncé son intention de réviser la Constitution de manière à ce qu'elle soit favorable aux dirigeants de ce parti dissous qui s'est transformé en machine terroriste dès les années 1990. L'Organisation nationale des victimes du terrorisme a dénoncé, hier, l'attitude de Ali Benflis, beaucoup plus préoccupé par son élection à la présidence de la République qu'aux intérêts du pays, et qualifié ses propos de «très graves». «Ces propos sont très graves du moment qu'ils accordent de la légitimité à des personnes ayant été à l'origine de la tragédie nationale qui a fait pas moins de 200 000 morts et des milliers d'orphelins et causé des dégâts matériels estimés à des milliards de dollars et détruit les infrastructures de base du pays, surtout que les victimes du terrorisme n'ont pas perçu leurs droits puisqu'ils ont au maximum un salaire de 16 000 DA», a déclaré, hier, Ahmed Abaya, membre du bureau national de cette organisation, au cours d'une conférence de presse animée au siège de cette organisation dans la wilaya de Tipasa. Il a ajouté que «les veuves et orphelins des victimes du terrorisme vivent dans des conditions désastreuses», appelant le candidat Abdelaziz Bouteflika, s'il est élu, à «accélérer l'approbation de la loi sur cette tranche de la population». Il a, d'autre part, fait allusion à l'organisation éventuelle de marches à travers le territoire national pour dénoncer les «propos» très graves tenus par le candidat Ali Benflis.
Abassi Madani autant «gourmand» et«ambitieux» que Ali Benflis Réagissant aux graves propos tenus par le candidat Ali Benflis, le numéro un du FIS-dissous, Abassi Madani, refuse le partage du pouvoir avec Ali Benflis tel que proposé de façon indirecte par ce dernier. Dans le communiqué signé par son ancien leader Abassi Madani, à partir de Doha (Qatar), l'ex-FIS rappelle qu'il est pour le boycott de l'élection présidentielle du 17 avril 2014, désavouant Ali Benflis qui a prouvé que pour s'allier l'électorat de l'ex-FIS dans le but de devenir président de la République, il n'hésite pas à mettre tout le pays en danger. Abassi Madani, qui «exige» la «réhabilitation» de son parti politique, conclut son communiqué par lancer son appel à «une période de transition réelle à laquelle seront associées toutes les couches politiques et sociales «légales et interdites» dont le FIS». Ali Benhadj, numéro deux du FIS-dissous, lui, préfère tenir le bâton du milieu. Il a annoncé sur les plateaux de la chaîne de télévision «Al Magharibia» (proche de l'ex-FIS) qu'il ne soutient aucun des six candidats à l'élection présidentielle du 17 avril 2014, mais fait les éloges de Ali Benflis, notamment sur sa page Facebook. Un partage de rôles habituel entre le numéro 1 et le numéro deux de ce parti dissous. Si Abassi Madani refuse de partager le pouvoir avec Ali Benflis préférant prendre à lui seul les rênes de l'Etat, Ali Benhadj, lui, fait monter les enchères pour obtenir le maximum de concessions. Il a reconnu, il y a quelques jours, que des dirigeants de l'ex-FIS, dont Kamel Guemmazi, ont rencontré Ali Benflis, dans le cadre des tractations qui se font entre le parti dissous et ce candidat à l'élection présidentielle, au détriment de la mémoire des victimes du terrorisme et en mettant l'avenir du pays en danger. Ali Benflis, et pour multiplier ses chances d'accéder au poste de président de la République, n'a pas hésité à faire dans le chantage durant sa campagne électorale. Il a plusieurs fois menacé de «sortir dans la rue si les élections seront truquées». Autrement dit, sortir dans la rue et menacer l'ordre public s'il n'est pas élu président de la République. Il a même ajouté que «je retiens mes sympathisants mais si nous aurons le moindre soupçon que ces élections sont truquées, nous occuperons la rue et nous nous ne laisserons pas faire cette fois». La menace et le chantage sont d'une clarté qui n'a d'égale que «l'ambition» démesurée de ce candidat à l'élection du 17 avril.