L'eau, ce précieux liquide qui constitue la préoccupation majeure des gouvernants aux quatre coins de la planète, sera, à partir d'aujourd'hui et ce durant une semaine, en débat à Istanbul, en Turquie. Tout un aréopage de spécialistes, entre ingénieurs, écologistes, mais aussi des ministres et des élus, débattra de la problématique de l'eau. Faut-il pour tout ce beau monde s'entendre sur le constat à même de dicter l'esquisse d'une thérapie à la hauteur de la crise hydrique planétaire. Un constat fait d'une démographie galopante avec donc son corollaire la sollicitation davantage accrue de l'eau, l'évolution des modes de consommation alimentaire en sus des besoins de plus en plus accrus en énergie. Aussi ne faut-il pas perdre de vue le phénomène du réchauffement climatique dont les effets néfastes se répercutent aussi sur la disponibilité du précieux liquide. Un état des lieux qui fait que, comme le stipule un axiome scientifique selon lequel là où il y a de l'eau il y a établissement humain, les terriens que nous sommes seront de plus en plus tentés par la migration en quête d'endroits où l'eau est disponible. Selon un récent rapport de l'instance onusienne, la crise de l'eau devrait s'aggraver à l'horizon 2050 avec une demande en eau qui frôlerait les 64 milliards de m3/an pour une population planétaire qui atteindrait d'ici là les 9 milliards de personnes. Dénonçant «sous-investissement», «mauvaise gouvernance» et «manque chronique d'intérêt politique», l'ONU étaye ses perspectives sombres avec notamment la concurrence aiguisée entre les divers usages de l'eau : l'agriculture très loin en tête (70%), suivie par l'industrie (20%) et les besoins domestiques (10%). Désormais, les politiques de régulation de la demande doivent se substituer à celle d'apporter toujours plus d'eau, affirme le président du Conseil mondial de l'eau, dénonçant au passage des inégalités criantes et inacceptables. Et à Loïc Fauchon de citer le cas de certaines villes américaines consommant jusqu'à 1000 litres d'eau par jour, contre quelques dizaines de litres à peine dans nombre de pays africains. Ou encore le fait que 80% des maladies des pays en développement (diarrhées, choléra...) sont liées à l'eau. La question de l'assainissement devrait occuper une place centrale dans les débats : 85% des eaux usées dues aux activités humaines sont évacuées dans la nature sans épuration.Durant ce forum qui ne devrait pas déboucher sur des engagements politiques, il serait question de la remise au goût du jour de la convention onusienne sur les cours transfrontaliers, adoptée en 1997 mais jamais appliquée. Dans ce cadre, il est question que la Turquie, la Syrie et l'Irak décident du partage des eaux des fleuves de l'Euphrate et du Tigre