A partir de ce jeudi, et ce, jusqu'au 6 avril, les 6 candidats à l'élection présidentielle «descendront» sur le terrain pour tenter de convaincre les citoyens sur un double plan : aller voter en masse et choisir les programmes électoraux qu'ils leurs proposent. Convaincre le citoyen lambda n'est pas chose aisée, lui qui a l'habitude de considérer toute promesse électorale «sans lendemain». D'où son désintérêt de tout ce qui a trait aux choses politiques. 19 jours durant les 6 candidats auront à coup sûr du pain sur la planche pour «capter» cette «majorité silencieuse» par les vertus et les bons points à mettre à l'actif de leurs programmes respectifs que les uns jugent réalistes et d'autres pragmatiques. Qu'en est-il des programmes ? Sont-ils objectifs ? Sont-ils réalisables à l'aune de la situation socioéconomique du pays ? C'est à ces interrogations qu'a essayé de porter un éclaircissement le politologue Mustapha Saïdj, politologue, enseignant et docteur d'Etat en sciences politiques et relations internationales à Alger, joint hier par nos soins.Avant d'analyser «en profondeur» les contenus des programmes électoraux des 6 candidats, notre interlocuteur a tenu à donner un aperçu de ce qui constituera l'essentiel, selon lui, de la «prochaine bataille de proximité». Ainsi, tout en prévoyant une campagne axée sur des discours plus ou moins hétéroclites, tant chacun des prétendants à la magistrature suprême y va de sa propre stratégie de «captation», les uns promettant d'ores et déjà des «salaires élevés», d'autres avec force détail exposent leurs bilans ou étalent leurs convictions que l'Algérie ne se fera qu'avec leur «pragmatisme immodéré», notre politologue est catégorique : «Il y a un seul candidat dont le programme est clair. Il s'agit de Bouteflika.» «Il a un bilan globalement positif à défendre», dira Saïdj, citant la réduction du chômage, la création d'emplois ou encore les grandes infrastructures lancées par le candidat. Notre interlocuteur estimera que M. Bouteflika «va axer aussi sa campagne sur la réconciliation nationale». Le discours de Louisa Hanoune sera pour le professeur à portée idéologique car, a-t-il estimé, celle-ci met en avant la souveraineté nationale surtout sur le plan économique. Elle essayera, croit savoir le professeur, de jouer la carte de la constitutionnalisation de tamazight pour tenter de séduire l'électorat kabyle en l'absence des partis traditionnels de la région, le FFS et le RCD. Il prédit par contre une campagne «acerbe» de la part de Djahid Younsi et Moussa Touati, «qui joueront la carte du Président, car ils vont s'attaquer à son bilan et tenteront de minimiser son impact», alors qu'il considère que Ali Fawzi Rebaïne et Mohamed Saïd ne feront pas long feu tant ils manquent d'ancrage. Notre interlocuteur considère à la lumière des grands axes des programmes électoraux que ces derniers sont «invraisemblables». «Il y a trop de promesses qu'il est difficile de tenir vu le caractère rentier de l'Etat», a jugé notre interlocuteur qui estime dans le même contexte que «ce n'est pas en 5 ans qu'on pourra créer de l'emploi, résoudre la crise du logement ou relancer le secteur agricole». «Nous sommes, a-t-il ajouté, toujours soumis au marché mondial. Il faut plutôt penser dans ces conditions à la manière de gérer les rentes pétrolières par leur bonne distribution», a-t-il argué, tout en décochant une flèche à l'endroit des candidats : «La logique n'a pas changé. Ils savent qu'il y a un problème. Ils parlent même de l'après-pétrole, mais où sont les mécanismes ?»