Un appel pour la "reconnaissance" de la mémoire du martyr Fernand Iveton, unique Algérien d'origine européenne condamné à mort puis guillotiné par l'Etat français comme membre du FLN en février 1957, a été lancé depuis Paris par un ancien appelé du contingent dans les Aurès et désormais ami de l'Algérie, René Fagnoni. L'écrivain et journaliste dit, dans une libre tribune transmise jeudi à l'APS, reprendre à "son compte" la demande du père de Fernand, Pascal Iveton, aujourd'hui disparu, pour s'adresser aux autorités algériennes afin que "soit reconnue la mémoire et le sacrifice du chahid Fernand Iveton". Pour ce faire, suggère-t-il, le plus beau des hommages à Iveton serait l'inauguration d'un lieu qui porterait son nom dans la capitale de l'Algérie où il vécut et est mort en martyr, à l'instar de ce qui a été fait à Biskra où une rue porte le nom de Maurice Laban et à Alger et Paris où des places ont été baptisées du nom de Maurice Audin. "En cette aube du 11 février 1957, Fernand Iveton assume, en notre nom, les conséquences du choix tragique qui a été le sien. Cela devrait suffire à lui assurer une place dans les lieux de notre mémoire", estime l'auteur de Chroniques des Aurès, qui se demande qui se souvient aujourd'hui du martyr Fernand Iveton. En 2003, lors de l'année de l'Algérie en France, une pièce de Richard Demarcy "Les mimosas d'Algérie" est revenue sur le "drame Iveton", alors que le Centre culturel algérien à Paris lui a consacré une soirée, le 15 décembre 2011, devant une salle comble. Auparavant, feu Jean-Luc Einaudi, avait contribué, dans sa quête de la vérité sur l'exécution d'Iveton, à dénoncer un "meurtre pour l'exemple". Pour Fagnoni, ces exemples sont les "derniers" témoignages recueillis avant que "la chape de plomb du silence s'abatte de nouveau sur Fernand Iveton, l'un des héros de l'indépendance algérienne". Le 14 novembre 1956, Fernand Iveton, membre du PCA, ouvrier tourneur dans l'usine à gaz du Hamma (anciennement le Ruisseau) décide de placer une bombe près du gazomètre à une heure où l'usine serait déserte, évitant ainsi de faire des victimes. Mais l'engin explosif placé dans un placard d'un local désaffecté est découvert par des "petits chefs". Iveton est aussitôt arrêté, emmené au commissariat, torturé, il en sort brisé, noir de coups et des brûlures à l'électricité. Au terme d'un procès vite expédié, où il n'aura pour le défendre que deux avocats commis d'office, le jeune militant de 31 ans est condamné à mort. Au matin du 11 février 1957, l'ancien gamin du Clos-Salembier (actuelle Madania) est passé à la guillotine de la prison Barberousse (Serkadji), suivi de ses compagnons, Mohamed Lakhnèche, dit "Ali Chaflala" et Mohamed Ouenouri, dit "P'tit Maroc". Avant son exécution, il aurait déclaré au greffe de la prison: "La vie d'un homme, la mienne, compte peu. Ce qui compte, c'est l'Algérie, son avenir. Et l'Algérie sera libre demain. Je suis persuadé que l'amitié entre Algériens et Français se ressoudera".