Le dernier «buzz» sur les réseaux sociaux : le fils du wali d'Alger a obtenu en moins de temps qu'il ne faut pour le dire un logement Aadl dans une cité d'Ouled Fayet. Un appartement tout ce qui se fait de mieux en matière de site et de standing. Un F4, surface généralement destinée aux familles nombreuses. Le rejeton du premier responsable de la capitale n'a jamais habité Alger, il ne répond pas aux «critères d'attribution», il n'est pas passé par la procédure légale en la matière, et sans doute, il a fait l'économie d'un dossier en bonne et due forme. S'il faut bien les énumérer pour la forme, ces détails sont pourtant bien inutiles. Depuis quand les fils de wali s'encombrent-ils de légalité, de critères, de procédure, de dossier et d'attente ? Depuis quand acceptent-ils autre chose que le haut standing et le nec plus ultra ? A bien y regarder, on se surprendrait même à éprouver quelque… sympathie à ce garçon qui a «accepté» d'habiter dans une cité Aadl et remercier son papa de wali d'avoir été si modeste en se contentant de si peu pour son fils ! Eh oui, on ne sait pas si M. Zoukh junior avait l'intention de résider pour longtemps à Ouled Fayet mais on sait que les fils de walis, de ministres et autres hauts responsables de l'Etat, quand ils obtiennent des logements «sociaux», ce n'est jamais pour les habiter. On ne traficote pas à ce niveau-là pour vivre dans une cité dortoir. Les logements sociaux, on en prend plusieurs, on les revend ou on les loue pour se faire une rente confortable qui permet - entre autres - d'habiter ailleurs. Et quand le niveau de prospérité le permet, on en garde un pour en faire une garçonnière ! Ce n'est pas nouveau, ce qui a changé, c'est qu'il y a de moins en moins de choses qu'on peut cacher. Enfin, «cacher» est juste une façon de parler. Il y a maintenant des journaux qui peuvent en parler et Facebook pour s'indigner, derrière un pseudo ou à visage découvert. Ce qui a changé, c'est que maintenant, le directeur général de l'Aadl se croit obligé de dire à la presse que l'ordre est venu d'en haut et que le ministère de l'Habitat a daigné «ouvrir une enquête sur les conditions d'attribution de ce logement» au fils du wali d'Alger. Et puis, encore et toujours, pour rappeler que rien de vraiment consistant n'a changé, les éternels «injoignables», les éternels imperturbables, les éternels «renvoyeurs» aux cellules de communication qui ne communiquent jamais rien. Rien de vraiment consistant n'a changé, mais ce doit être tout de même embêtant pour beaucoup de monde, cette histoire. On sort d'une élection après une campagne où il a été beaucoup question de logement et de la fin des passe-droits, on est en plein dans une nouvelle phase Aadl promise à l'équité, à la rapidité d'accès, à la qualité des habitations et à la transparence dans l'attribution, on a reconduit un ministre qui donne de réels signes d'efficacité et voilà que le scandale arrive plus tôt qu'on ne le pensait. Et par-dessus tout, c'est un wali d'Alger arrivé comme un Don Quichotte de travail et de rigueur morale pour nous refaire une capitale que ça éclabousse ! La boucle sera bouclée en rappelant qu'il aurait récemment exclu de logement social tout habitant d'Alger qui ne dispose pas d'une carte de vote. Pour cela, son rejeton a dû faire mieux : ce doit être le seul document qu'il ait fourni pour disposer de son logement. Non seulement rien de vraiment consistant n'a changé, mais ça nous ramène à des temps bien plus anciens. Slimane Laouari