La Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) s'est réunie mardi à Alger dans la perspective d'engager un débat national autour d'une transition démocratique "à même de garantir les libertés et la stabilité" de l'Algérie. La rencontre a regroupé 125 invités, dont des partis (une dizaine) et des personnalités politiques, dont Ahmed Benbitour, Ali Benflis, Mouloud Hamrouche, Abdelaziz Rahabi, Saïd Sadi, Mokrane Aït Larbi, Ali Yahia Abdennour, ainsi des membres du parti dissous (FIS). "Les partis politiques et les personnalités nationales présents considèrent que la transition démocratique est une exigence nationale à même de garantir les libertés et la stabilité et de conduire le pays vers la voie du développement et du progrès économique", indique un projet de plateforme lu à l'ouverture de la conférence. Après avoir dressé un tableau sur la situation du pays marquée, précise la plateforme, par "une crise grave et complexe qui menace l'unité de l'Algérie et ce qui reste de la cohésion de ses institutions", les participants ont décidé "d'engager un débat libre et responsable entre tous les Algériens qui aspirent à un ordre politique légitime et démocratique et rejettent la violence et l'exclusion". Au cours des interventions, l'ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour (décembre 1999-août 2000), a expliqué que "la porte (de la coordination) était ouverte" à toute personnalité ou parti politique et à tous ceux qui prônent le principe d'un changement pacifique, "loin de toute violence". Le doyen des avocats (94 ans), militant des droits de l'homme, Ali Yahia Abdennour, a plaidé, quant à lui, pour la "souveraineté du peuple" quant au choix de ses dirigeants, soutenant que "c'est la paix qui ramène l'amnistie et non le contraire". Il a également estimé que l'amazighité était "fondatrice de la nation algérienne" et qu'elle avait sa place en Algérie et "intéressait tous les Algériens". Pour sa part, l'ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche (septembre 1989-juin 1991), a appelé les participants à la conférence à s'intéresser "davantage" à l'avenir de l'Algérie. Il a également affirmé, dans son intervention, que tout changement ne pourrait se faire sans la participation de l'Armée nationale populaire (ANP). "L'ANP doit rester stable et forte et demeurer le pilier de l'Etat et non du gouvernement", a-t-il insisté. Il a relevé que "tous les partis politiques, de l'opposition et ceux qui soutiennent le pouvoir, même réunis, ne peuvent former un gouvernement et mettre en œuvre un programme, car n'ayant aucune réelle influence sur la situation". Considérant qu'il n'y a jamais eu de multipartisme, Mouloud Hamrouche a espéré qu'il "pourrait naître" à partir de la conférence de mardi "si les partis décident de mettre de côté leurs querelles et se mettent au travail sur la base de programmes". De son côté, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratique (RCD), Mohcine Belabès, a appelé les participants à œuvrer pour "sauver l'Algérie", invitant les partis politiques de l'opposition à "éviter toute tentative d'imposer leurs idées partisanes, et ce, dans l'intérêt du pays". Ahmed Betatache, le premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), a soutenu le principe d'un dialogue entre le pouvoir et l'opposition dans "toute initiative de changement". L'avocat Mokrane Aït Larbi a préconisé, quant à lui d'impliquer l'ANP dans un "changement pacifique vers la démocratie". "Chaque époque a ses hommes et il est de notre devoir d'instaurer une transition pacifique vers la démocratie, les libertés et les droits afin d'éviter une dérive de la jeunesse vers la rue", a-t-il dit. Outre le RCD et le FFS, la rencontre a regroupé notamment les partis islamistes (MSP, Nahda et PJD de Djaballah), ainsi que d'autres partis comme Jil Jadid de Soufiane Djilali, le PLJ de Mohamed Saïd, a constaté un journaliste de l'APS. Une plateforme doit être adoptée en soirée à la fin de la conférence.