Une première secousse a frappé le Mondial-2014, avec le naufrage de l'Espagne et de son gardien Iker Casillas, humiliés par les Pays-Bas (5-1) vendredi, alors que l'arbitrage suscite de nouveaux débats. Cette défaite devrait précipiter les Espagnols vers un huitième de finale face au premier du groupe A, vraisemblablement le Brésil, victorieux de la Croatie vendredi soir (3-1), alors que le Mexique l'a emporté face au Cameroun (1-0). Un naufrage en mondovision... Quatre ans après son succès sur le même adversaire en finale du Mondial-2010, l'Espagne a concédé la plus lourde défaite d'un tenant du titre en phase finale de Coupe du monde. Et que dire de son gardien Iker Casillas ? Son palmarès est pourtant éloquent: trois Ligues des champions avec le Real Madrid, champion du monde et double champion d'Europe avec la "Roja". "San Iker", 33 ans, qui était déjà passé à travers la finale de la Ligue des champions remportée face à l'Atletico fin mai, a vécu une soirée cauchemardesque. Sa responsabilité est engagée dans quatre des cinq buts marqués par les Néerlandais, d'abord empruntés, puis virevoltants, à l'image de leur attaquant Arjen Robben. Casillas a-t-il vécu sa dernière sortie internationale? En tous cas l'Espagne, également trahie par sa défense centrale Piqué-Sergio Ramos, aura bien du mal à se remettre d'une telle correction. La "Roja" jouera gros lors dès son deuxième match, mercredi face au Chili, qui a assuré l'essentiel en battant l'Australie (3-1). 'Même l'arbitre est à nous' La sortie de route de l'Espagne contraste avec l'entrée réussie du Mexique face au Cameroun (1-0), malgré deux buts refusés mystérieusement à l'attaquant Giovani Dos Santos. Ces deux erreurs d'arbitrage nourrissent le débat qui a surgi après l'erreur du Japonais Yuichi Nishimura, accordant un penalty "imaginaire" au Brésil face à la Croatie (3-1) jeudi soir. "L'injustice!", "la honte!", "On a été cassé par l'arbitre de manière honteuse", lisait-on à la une des quotidiens croates. La presse brésilienne préférait quant à elle ironiser sur l'incident: "La Coupe est à nous, Neymar est à nous, Oscar est à nous, le but croate est à nous, et l'arbitre aussi", s'amusait le quotidien sportif Lance!. Le Suisse Massimo Busacca, patron des arbitres au sein de la Fifa, a pris la défense de M. Nishimura, dont la performance a été suivie par plus d'un milliard de téléspectateurs alors que le réseau social Twitter a fait état de plus de 12,2 millions de tweets lors de sa retransmission. "Il était bien placé. Et depuis sa position, il a jugé les gestes", a souligné M. Busacca, assurant porter un jugement "technique". "Les arbitres prennent les décisions en moins d'une seconde. Ils se concentrent sur les gestes. Il a pris sa décision lorsqu'il a vu les mains" du défenseur croate Lovren sur le Brésilien Fred. Heurts à Salvador, déluge à Natal S'appuyant sur des photos projetées lors du point-presse quotidien de la Fifa à Rio, M. Busacca a indiqué: "Si vous jouez avec les mains, vous entrez en contact avec l'adversaire et vous incitez l'arbitre à aller dans une direction". Par ailleurs, cet ancien arbitre international s'est élevé contre les accusations de favoritisme pour le Brésil, pays-hôte du Mondial. "Quand vous êtes arbitre, vous êtes concentré sur une équipe A et une équipe B. Sur un joueur A et un joueur B. Vous n'avez pas le temps de vous dire que vous arbitrez le Brésil. Dire que l'on favorise une équipe, c'est de la fantaisie". La victoire du Brésil, saluée par une énorme vague d'enthousiasme à travers tout le pays, a au passage démontré que l'Arena Corinthians de Sao Paulo, qui subissait un test "grandeur nature" en raison de retards dans les travaux, était prête. Vendredi, aucun problème flagrant d'organisation n'a été relevé à Cuiaba (Chili-Australie) ni à Salvador, où se jouait Espagne-Pays-Bas alors qu'une manifestation "anti-Coupe" a dégénéré en heurts entre manifestants et policiers qui ont dispersé les premiers à coups de grenades lacrymogènes, à cinq kilomètres du stade. Loin du lieu de naufrage de l'Espagne. A Natal (nord-est) où s'est disputé Mexique-Cameroun, des pluies torrentielles combinées à une grève des autobus ont perturbé l'acheminement des supporters. Certaines routes et tunnels ont été complètement inondés, entravant l'accès des nombreux véhicules aux parkings du stade et contraignant certains spectateurs à marcher dans l'eau pour rejoindre l'enceinte. Par endroits en ville, l'eau arrivait jusqu'à la taille des passants.