Le cimetière de la commune de Oued Koriche est actuellement en travaux d'entretien. Les ouvriers de l'Etablissement de gestion des pompes funèbres et cimetières (EGPFC) y arrachent les herbes sauvages et ramassent les déchets solides. Cette opération est un prélude à un projet d'aménagement de cette nécropole ouverte en 1938. De l'extérieur, les locaux donnent l'impression d'être abandonnés à cause des fenêtres semi-barricadées et les façades dégradées. Ce n'est qu'une fois à l'intérieur de l'établissement que l'on découvre que les lieux sont encore utilisés. Les locaux, situés presque en face de la mosquée Essalam de Bab El Oued, servent d'écurie pour le compte de l'établissement public Netcom qui s'occupe du ramassage des déchets ménagers en milieu urbain. Les baudets quotidiennement utilisés dans la collecte des déchets solides dans les ruelles de La Casbah sont gardés dans deux hangars. En tout, l'écurie dispose d'une quarantaine de bourricots. Ici, l'écurie est tout simplement appelée «dépôt». A première vue, le dépôt est impossible à reconnaître : aucune signalisation ne l'indique. A l'entrée principale, au bout d'un couloir transformé en parking, le visiteur est accueilli par une seule inscription affichant «la réception». Une petite visite suffit amplement pour savoir que la construction des hangars date de l'époque coloniale. L'écurie a toutefois cette particularité de renfermer une série de constructions habitées qui collent au fameux cimetière d'El Kettar de la commune de Oued Koriche. Les bâtiments forment un îlot. Du côté du quartier Climat de France, les constructions sont limitées par une des entrées du cimetière ; de l'autre côté, se trouve l'écurie de Netcom. L'îlot et la mosquée Essalam sont séparés par la rue qui mène entre autres à Trioley. Cette route fait office de frontière entre Bab El Oued et Oued Koriche. Les habitations ainsi coincées forment un petit quartier qui comprend d'anciennes bâtisses avec un seul étage, mais aussi plusieurs nouveaux bâtiments, parfois non achevés, dotés de plusieurs niveaux. Ce qui retient l'attention ces derniers jours, c'est l'apparition d'écriteaux sur les façades des vieilles bâtisses. Les occupants (propriétaires ou locataires) informent les passants que les appartements sont «à vendre». Pour rendre le contact plus rapide, les numéros de téléphone portable sont affichés avec l'appel à la vente. Jusqu'ici, il existe deux affichettes. L'une d'elles est placardée sur la façade d'un mécanicien voisin de l'écurie. Dans les locaux de Netcom, l'on se veut prudent. «Nous nous occupons de l'intérieur du dépôt. L'extérieur ne nous regarde pas», a affirmé un responsable. Comme le rez-de-chaussée est réservé aux magasins, les appartements ont des entrées qui donnent directement sur les tombes d'El Kettar. A en croire les riverains, les constructions qui constituent l'îlot seraient appelées à disparaître à la faveur du projet de l'aménagement du cimetière. Dans cette logique, les auteurs des mises en vente tenteraient de prendre les devants et de mettre ainsi les éventuels acquéreurs devant le fait accompli. Pas plus loin que janvier dernier, le directeur de l'Etablissement de gestion des pompes funèbres et cimetières (EGPFC) a rappelé, dans une déclaration faite au Temps d'Algérie, que la loi interdit depuis 1975 toute construction à moins de 35 m d'un cimetière. C'est aussi en janvier que l'EGPFC a lancé le projet d'aménagement d'El Kettar… Des opérations d'entretien en cours Ouvert en 1938 et s'étalant sur une superficie estimée à 14 ha, selon l'EGPFC, El Kettar est actuellement en travaux d'entretien. Cette opération a été déclenchée dans le cadre de l'aménagement du cimetière, dont les travaux devraient commencer incessamment. Pour le moment, ce sont les équipes d'ouvriers de l'établissement qui s'occupent d'arracher les herbes sauvages qui ont envahi les tombes et les allées de la nécropole. Les équipes d'entretien concentrent leurs efforts sur la partie qui donne sur le quartier Climat de France. «Notre travail consiste à arracher les herbes, à ramasser les détritus et les déchets ménagers. Nous allons préparer le terrain pour l'aménagement du cimetière», a affirmé un agent de l'EGPFC. Les herbes arrachées et les déchets collectés sont acheminés jusqu'à l'entrée avant leur évacuation. Les déplacements à l'intérieur d'El Kettar sont des plus pénibles. Les couloirs sont trop rares et la moindre parcelle de terrain est bonne pour l'aménagement d'une tombe. Il faut dire que les herbes interdisent aux visiteurs l'utilisation de plusieurs accès. De plus, le mur qui sépare le cimetière en deux parties distinctes, à la hauteur du quartier Climat de France, a été endommagé. Une brèche a été ouverte dans la clôture afin de permettre les déplacements d'un côté à l'autre, alors que les portes d'accès sont nombreuses. Les casses (de la pierre essentiellement) résultant de cette entreprise sont encore sur place. En plus des casses, une décharge sauvage a été constituée sur les hauteurs du quartier mitoyen du cimetière. On y trouve surtout des bouteilles d'eau vides. Lieu sacré par définition, El Kettar constitue aussi un endroit où les jeunes préfèrent se rencontrer dans un coin qui offre une belle vue sur Bab El Oued, Oued Koriche et la partie ouest de la baie d'Alger. Les femmes aussi sont de la partie. Autour d'une tombe où repose un proche, elles passent de longs moments à discuter de tout et de rien. En tous les cas, les agents de l'EGPFC ne sont pas seuls dans le cimetière.