L´Irak est à la veille d´une quatrième guerre du Golfe. La première fut celle qui avait opposé ce pays à l´Iran au début des années 1980. La seconde a eu lieu en août 1991 à la suite de l´annexion du Koweït par l´Irak, et la troisième à la suite de l´invasion de ce pays, en 2003, par l´armée américaine. L´Irak est à la veille d´une quatrième guerre du Golfe. La première fut celle qui avait opposé ce pays à l´Iran au début des années 1980. La seconde a eu lieu en août 1991 à la suite de l´annexion du Koweït par l´Irak, et la troisième à la suite de l´invasion de ce pays, en 2003, par l´armée américaine. La quatrième c´est celle qui se prépare avec l´avancée des «groupes djihadistes» de «l´Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL)», que l´on dit «plus radicaux encore que les frères d´Al Qaïda de Ben Laden». Cette fin de semaine, l´EIIL se trouvait à moins de 100 km de Baghdad mettant en débâcle l´armée gouvernementale de Nouri el Maliki, la chassant de Tikrit, capitale de la riche région pétrolière autonome kurde. De la guerre civile à l´intervention étrangère la ligne est droite. Les habitants chiites de cette région auraient repris le contrôle de la ville. Les agences de presse annonçaient hier que l´armée irakienne avait stoppé l´avancée de l´EIIL. Pour l'EIIL, ces informations n´ont pas beaucoup de sens. Il ne s´agit pas, malgré son sigle, d´une armée classique qui avance tel un rouleau compresseur. Ses groupes s´adaptent à la réalité du terrain sans même le besoin d´une lourde logistique qui doit suivre. Leur combat s´inscrit dans la durée, comme en Afghanistan, comme au Sahel et comme en Libye. Leur objectif reste d´impliquer les pays occidentaux dans ce conflit interne. Voilà le piège qui a toutes les chances de fonctionner. Les erreurs occidentales se répètent depuis l´invasion de l´Afghanistan d´où les Américains réussiront à chasser les Talibans au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, mais pas pour trop longtemps. Tout le monde sait maintenant que les attentats du 11 septembre 2001 sont l´occasion que G. Bush Jr, fraîchement élu à la Maison- Blanche, attendait pour passer à l´offensive… en Irak. Une fois les Talibans chassés de Kaboul et Ben Laden traqué, le président «le plus va t´en guerre» de l´histoire des Etats-Unis avait déjà le regard tourné vers l´Irak où il fera le lien du «djihadisme» qui n´avait aucune chance de prospérer sous Saddam Hussein. Pourquoi l´Irak et pourquoi spécialement à cette date ? Objectifs géostratégiques et «sécurité» d´Israël L´Irak est l´un des plus grands producteurs de pétrole de la région qui n´entrait pas dans le plan géostratégique et énergétique des Etats-Unis. Il est devenu, depuis août 1991, l´objectif prioritaire de la diplomatie de guerre des conservateurs américains pour des raisons encore plus évidentes. Rappelons-nous le président Saddam Hussein qui avait ciblé Israël par ses fameux Scouds, lors de l´invasion du Koweït, semant la première panique générale depuis la création de l´Etat hébreu en 1948. Une mobilisation des monarchies arabes, alliées des Etats-Unis, s´était formée contre l´invasion et l'annexion du Koweït. Des représailles israéliennes auraient fait échouer le plan de G. Bush père. Le président des Etats-Unis avait assuré le lobby sioniste, l´Aipag, d´une nouvelle guerre dans la région pour, le moment venu, détruire définitivement l´armée irakienne. Il a pu obtenir des dirigeants israéliens de ne pas briser cette alliance que des représailles contre Baghdad seraient mal vécues par les peuples arabes. La promesse d´une troisième guerre dans la région, toujours pour défendre les intérêts pétroliers américains et la sécurité d´Israël, sera tenue. Alors que les Talibans étaient déjà de retour en Afghanistan, le plan d´intervention du Pentagone en Irak était déjà approuvé au niveau du Commandement opérationnel de l´Otan à Bruxelles. Les motifs d´une invasion en Irak sont faciles à trouver pour la CIA, même s´il fallait les inventer. Un scénario monté de toutes pièces, celui des armes de destruction massive que les enquêteurs de l´AIEA (Agence internationale de l´énergie) ne trouveront jamais, même après avoir fouillé les bureaux de Saddam Hussein, est mis sur la table par G. Bush Jr qui doit terminer l´œuvre de G. Bush père. Qu´importe, le chef d´état major américain, Collin Powell, apportera de fausses preuves au Conseil de sécurité de l´ONU ! Personne n´y croira, pas même l´opinion américaine, mais cette troisième guerre est nécessaire pour la sécurité d´Israël par la mise en place d´un nouvel ordre géostratégique régional. Le Pentagone admettra son erreur plus tard, une fois les objectifs atteints. Le sunnite Saddam est «pendu», et le chiite El Maliki est copté. Affaire classée ? Il reste l´essentiel : le nouveau Grand Moyen- Orient dessiné selon la carte pétrolière. Le «printemps arabe» est là. Le «printemps arabe» Dans toutes leurs guerres, les Etats-Unis et leurs alliés de l´OTAN commettent des erreurs d´appréciation car leurs analyses ne vont jamais au-delà des objectifs immédiats. Eliminer Ben Laden et ordonner le retrait des troupes d´Afghanistan, faire pendre Saddam Hussein par Nouri el Maliki et classer l´invasion d´Irak. Nicolas Sarkozy commettra la même erreur en Libye, pays qui s´est enfoncé dans l´instabilité et le terrorisme depuis la chute du colonel Kadhafi. Pourtant, des voix, elles étaient rares, s´étaient opposées à la guerre comme moyen de règlement des confits internes. Celle de l´Algérie notamment. Au Sahel, n´est-ce pas grâce à une adroite médiation algérienne qui a réussi à mettre à même la table les trois mouvements du nord de cette région que la «Déclaration d´Alger» a été signée et saluée unanimement à travers le monde. La vision équilibrée du règlement d´un conflit interne, sur le long terme, est ce qui fait la force de la diplomatie algérienne. C´est tout le contraire qui s´est fait ailleurs, là où la paix a été imposée sur le rapport de force. En Afghanistan, en Irak ou en Libye, les groupes de «djihadistes» trouvent toujours matière à prendre pied dans les conflits préparés par les pays occidentaux dans le monde arabo-musulman. Les radicaux commencent à arriver lorsqu´on croit que la paix est scellée par la fin officielle de la guerre. L´US Army était encore aux portes de Baghdad, en 2003, lorsque les combattants arabes d´Afghanistan sont les premiers à investir le champ de bataille sous les ordres du jordanien Ezawahiri, l´un des lieutenants de Ben Laden. Dix ans plus tard, une organisation djihadiste régionale est née. Elle se prépare à une longue guerre dans la région. Sans doute la quatrième guerre d´Irak à laquelle les pays de l´OTAN se prépareront, eux aussi, sans doute, une fois terminé le repli de leurs troupes d´Afghanistan avant la fin de l´année en cours. Une guerre qui ne finit pas, une guerre qui commence !