Les cours d'eau de la vallée de la Soummam (oued Amarigh, oued Sahel, tous deux affluents de l'oued Soummam) ont pris, ces dernières semaines, une couleur noirâtre. L'on dirait des rivières d'encre noire. La cause de cette coloration inhabituelle est due à la margine que les huileries déversent quotidiennement dans ces oueds. Lorsqu'on sait que dans toute la wilaya de Béjaïa, il existe plus de 400 huileries en activité, le désastre ne pourrait être que grand car, contrairement aux idées reçues, la margine est un déchet polluant. C'est un rejet acide qui pourrait, à fortes doses, provoquer des intoxications aux hommes, tuer la faune et provoquer le dépérissement des cultures. Cette matière altère le goût de l'eau potable quand elle s'y mélange. Ce qui veut dire que si la nappe phréatique venait à être contaminée par la margine, elle sera inutilisable pendant un certain temps. A Beni Mansour, par exemple, une huilerie a complètement polluée l'oued Amarigh. La margine qui s'y est déversée est très concentrée, au point où l'eau de l'oued est devenu noirâtre. Le problème de ces huileries est qu'elles ne procèdent pas à la réalisation de bassins de décantation pour purifier leurs rejets liquides. Les bassins de décantation, au nombre de 6, d'un mètre carré chacun, jouent un rôle très importants dans la préservation de l'environnement. Généralement, on tapisse leur fond de sable et de gravier fin qui piègent les matières composant la margine pour ne laisser s'écouler que l'eau. Malheureusement, beaucoup de propriétaires de pressoirs à olives n'érigent pas ces bassins qui ne coûtent pas plus de 20 000 DA. Des mises en demeure leur sont adressées par les services d'hygiène communaux de la wilaya de Béjaïa, mais la plupart de ces propriétaires n'y accordent aucune importance. De ce fait, c'est l'écosystème qui se trouve menacé de chamboulement.