Dans une société où l'oisiveté a tendance à diminuer les aptitudes réelles de chacun, en général, et de celles des jeunes, en particulier, nombreux d'entre ceux-là se retrouvent souvent contraints de travailler même dans les conditions les plus déplorables. Sachant que c'est par le travail que l'on améliore sa condition de vie, certains de ces jeunes ignorent totalement que le travail au noir ouvre les portes à toutes formes d'exploitation. Sous la pression des contraintes sociales et en l'absence de contrôle, il en est qui ont tendance à prendre les choses à la légère en acceptant de travailler sans être déclarés auprès d'employeurs qui n'hésitent pas à profiter de cette situation en se permettant toutes sortes de dépassements. C'est le cas de ce commerçant qui a porté plainte contre ces employés les accusant de cambriolage. Propriétaire de quatre magasins d'habillement à El Biar, Hydra, Didouche Mourad et Saïd Hamdine, l'employeur ne s'est pas gêné de déposer plainte contre ses employés alors qu'il ne les déclare même pas à la sécurité sociale. Suite à l'établissement d'un inventaire des articles vendus sur une durée de 18 mois, ce dernier s'est aperçu qu'une somme d'argent indéterminée et plus de 1000 articles avaient été volés. Le plus étrange dans cette affaire, c'est le fait que le propriétaire a accusé les employés qui n'ont pas accepté de témoigner contre leurs collègues poursuivis. Ce qui laisse sous-entendre que cette affaire d'escroquerie, du moins comme elle a été qualifiée par le juge d'instruction, a été inventée de toutes pièces pour dissimuler les failles du propriétaire. Bien que leurs avocats réclament l'annulation de la décision de la première instance, ces employés, dont certains sont mineurs et qui ont comparu devant la cour d'appel près le tribunal de Sidi M'hamed, risquent la prison. Vont-ils payer pour un acte commis par des personnes inconnues, peut-être par le plaignant lui-même ? A l'exception de quelques employés qui ont accepté de témoigner en faveur de leur patron, ce dernier n'a apporté aucune preuve matérielle sur laquelle la justice pourrait s'appuyer. Toujours est-il que ces employés, sans contrat de travail, encourent une peine de deux ans de prison ferme et une amende de 20 000 DA. L'un d'entre eux, qui n'a que 17 ans, risque également la même peine. Alors qu'il est caissier dans un seul magasin, il est poursuivi pour détournement d'une grande somme d'argent disparue des quatre magasins. Est-il logique de punir un mineur sans tenir compte des circonstances de son embauche ? Son seul tort, c'est de ne pas avoir accepté de témoigner contre ces collègues. D'ailleurs, lors de son intervention, l'avocat d'un autre employé a soulevé cette question, dans la mesure où son client, qui a refusé de témoigner en faveur de ce commerçant, se trouve poursuivi pour le même délit. En dévoilant les manœuvres de ce patron, une querelle a éclaté entre lui et l'avocat de la partie civile. Ce qui a amené le juge à reporter l'affaire à la semaine prochaine.