L'Union européenne a appelé avant-hier le prochain gouvernement israélien à accepter le principe de la création d'un Etat palestinien, et menacé sinon d'en tirer les «conséquences». Tant le gouvernement palestinien que le gouvernement israélien «doivent respecter les engagements pris par le passé, en particulier la solution à deux Etats et la reconnaissance de tous les accords des dernières années», a déclaré le chef de la diplomatie tchèque, Karel Schwarzenberg, lors d'une réunion avec ses homologues européens à Hluboka nad Vltavou, dans le sud de la République tchèque. Si le nouveau gouvernement israélien que présentera Benjamin Netanyahu ne respectait pas cette condition, «les relations deviendraient très difficiles et nous devrions discuter des conséquences que l'UE en tirerait lors de notre prochaine réunion ministérielle», prévue fin avril, a-t-il ajouté. M. Netanyahu est en train de parachever la formation d'un cabinet de droite, mais auquel se sont finalement ralliés les travaillistes. Le futur Premier ministre israélien s'est toujours dit hostile à la création d'un Etat palestinien souverain. Il envisage uniquement pour les Palestiniens une autonomie élargie, ce qu'ils refusent catégoriquement, et évoque une «paix économique» prévoyant l'amélioration des conditions de vie des Palestiniens en Cisjordanie aux plans économique et de la sécurité. Plusieurs autres ministres des Affaires étrangères de l'UE ont également jugé qu'un gouvernement israélien qui n'accepterait pas la solution de deux Etats palestinien et israélien vivant côte à côte serait inacceptable. «Nous Européens exigeons que la mise en œuvre d'une solution à deux Etats reste au premier plan», a déclaré l'Allemand Frank Walter Steinmeier. «Les ministres des Affaires étrangères doivent envoyer un signal clair disant que si ce n'est pas le cas, l'UE ne pourra pas l'accepter», a ajouté le Luxembourgeois Jean Asselborn. «Ne jugeons pas un livre par sa couverture», a cependant tempéré le Finlandais Alexander Stubb, notant que M. Netanyahu «en tant que Premier ministre, il y a quelques années, avait fait beaucoup pour le processus de paix». Il a malgré tout estimé que «le temps n'était pas venu» pour l'UE d'approfondir ses relations avec Israël, «parce qu'il y a un vide du pouvoir» des deux côtés, palestinien et israélien. Fin 2008, l'UE avait décidé de rehausser le niveau de ses relations bilatérales avec l'Etat hébreu, mais depuis l'offensive à Gaza, ce processus est au point mort. La Commission européenne a elle aussi appelé le futur gouvernement israélien à tenir les engagements passés, dans un message de son président José Manuel Barroso à M. Netanyahu. La Commission «se tient prête à vous assister et à vous soutenir dans votre recherche de paix, de prospérité et de sécurité pour les peuples d'Israël et de la région, sur la base d'une vision de deux Etats vivant côte à côte en paix et dans la prospérité», a souligné M. Barroso. Erakat met en garde contre un refus israélien Le processus de paix au Proche-Orient pourrait ne pas survivre à un refus du nouveau gouvernement israélien d'accepter une solution à deux Etats, a averti samedi le négociateur en chef palestinien, Saëb Erakat. «Le processus de paix est un mort en sursis», écrit Saëb Erakat dans une tribune du quotidien américain Washington Post. M. Erakat estime que le futur gouvernement d'extrême-droite du Premier ministre désigné israélien Benjamin Netanyahu «doit sans équivoque exprimer son soutien à une solution à deux Etats et à la création d'un Etat palestinien indépendant et viable basé sur les frontières de 1967». «Sans ces engagements, les Palestiniens n'auront pas de partenaire pour la paix», a-t-il poursuivi, appelant Israël à décréter un gel total et immédiat de l'implantation de colonies, ainsi que de la construction du mur érigé par Israël en Cisjordanie.