La violence exercée sur les mineurs est l'un des fléaux de notre société. Elle se manifeste sous plusieurs formes. Ni la loi ni la sensibilisation n'ont réussi à mettre un terme à cette brutalité que subissent les enfants et qui affecte inévitablement leurs comportements en milieu scolaire et leur environnement social d'une façon générale. Incontestablement, le mauvais traitement manifesté par les adultes à l'égard des enfants est l'une des calamités auxquelles sont confrontés les tribunaux. Toutefois, les affaires relatives à la violence en milieu scolaire semblent prendre le dessus. En effet, l'une des affaires illustrant ce phénomène dans l'enceinte même des établissements scolaires a été traitée hier au tribunal de Bir Mourad Raïs. Le conflit opposant une enseignante vacataire à un parent s'est terminé devant le tribunal. Ce parent a déposé plainte contre cette enseignante qui a frappé son enfant âgé de onze ans. "El Hachemi est un très bon élève", a reconnu l'inculpée, "mais ce jour-là, j'avais programmé une leçon très compliquée, à savoir la voix passive et la voix active, et comme vous le savez, une classe de 45 élèves est très difficile à maîtriser. Alors que j'expliquais la leçon, les élèves s'étaient mis à rire et à parler, perturbant ainsi le déroulement du cours. J'avais essayé vainement de les calmer. C'est pour cela que j'a recouru à ce moyen" a-t-elle affirmé dans l'intention de justifier son acte. "Mais vous savez bien que la violence comme moyen de punition est strictement interdite" lui a répliqué la juge. L'inculpée, qui s'est trouvée dans une situation gênante, a fait semblant d'ignorer la loi, sans se rendre compte qu'elle portait atteinte à sa propre image. "Alors là, c'est grave ! Vous enseignez en ignorant les règlements qui régissent les institutions éducatives !" s'est exclamée la juge. A ce moment-là, l'enseignante tourmentée semblait chercher désespérément ses mots. Justifier son acte, réhabiliter sa réputation ? L'inculpée, qui ne savait plus quoi dire, s'est emportée. Mais la juge qui ne tolère aucun geste déplacé pendant l'audience lui a ordonné de contrôler ses gestes et son langage. Pendant ce temps-là, le père de la victime, qui est resté en marge de la discussion, avait l'intention de pardonner. Rassurée de ce côté, l'inculpée n'a à aucun moment donné des signes de regret pour un acte qui a coûté une incapacité de quatre jours à son élève. Cette attitude a amené le procureur à requalifier l'affaire en poursuivant l'accusée pour infraction aux lois, et le parquet a requis une peine de 6 mois de prison ferme. En entendant la peine requise, l'enseignante a manifesté son refus de cette décision : "Je ne retournerai jamais à l'enseignement", a-t-elle déclaré en pleurant. Devant cette attitude, la juge qui a reporté l'audience lui a rétorqué : "Si l'enseignement équivaut à la violence, ce serait un plaisir que le ministère de l'Education vous relève définitivement de vos fonctions".