Il y a 9 ans que l'auteur compositeur Mahboub Safar Bati nous a quittés, le 21 février 2000, à l'âge de 81 ans. Ce grand artiste avait lutté contre vents et marées pour introduire une musique rythmée et des paroles à la mesure du temps, il avait souffert le martyre par les «tenants du statu quo» pour avoir osé créer une musique aussi belle que la jeunesse de tous les temps. Né le 17 novembre 1919 à Bati, un village situé dans la wilaya de Médéa, il arrive très jeune à Alger. Très doué pour la musique, il joue dans plusieurs orchestres, maîtrisant plusieurs instruments de musique. Cependant, ce n'est qu'après l'indépendance de l'Algérie que Mahboub Bati crée un genre musical à part, au goût de cette génération pleine de ferveur et qui aspirait à goûter au bonheur de «l'aube de l'indépendance». Son goût était surtout porté sur le mode sahli Ainsi, il donne un nouveau souffle à la chanson chaâbi par des paroles simples et expressives, en harmonie avec une musique mélodieuse. Néanmoins, cela n'a pas été sans une controverse et une certaine résistance de la part des conservateurs, qui lui reprochaient d'avoir apporté des modifications à la chanson chaâbi. Mais l'avenir lui donnera raison, puisque les nombreuses chansons qu'il avait écrites et composées furent accueillies avec joie par le grand public algérien, situant son style entre la musique chaâbi et la musique moderne. Mahboub Bati crée un genre particulier, en apportant à cette musique une fraîcheur et un air juvéniles, tout en lui préservant son ancrage populaire. Son goût était surtout porté sur le mode sahli, à l'exemple d'El barah kan fi oûmri achrine (Hier, j'avais 20 ans), chantée par El Hachemi Guerouabi et reprise par de nombreux chanteurs. Mahboub Bati avait ce don de lancer des chanteurs et cette modestie qui est le panache des grands. De nombreux chanteurs lui doivent leur célébrité, à l'exemple de Amar Ezzahi, dont les premières chansons enregistrées en 1968, Ya djahel leshab. Il était également le parolier et le compositeur de Boudjemâa El Ankis, Chaou Abdelkader, Saloua, Amar El Achab, connu surtout pour sa chanson à succès Nastahal el kya, ou Abderrahmane Koubi, Nadia Benyoucef, Mohamed Lamari et beaucoup d'autres que le défunt a rendus célèbres. Le public n'oubliera sans doute pas les chansons Echams el barda et Sbyat zoudj, de véritables chefs-d'œuvre. Mahboub Bati mérite qu'on lui rende un hommage à sa mesure.