La Grande-Bretagne a relevé vendredi de "substantiel" à "grave" son niveau d'alerte de sécurité, en justifiant cette mobilisation par la menace terroriste représentée par les centaines de Britanniques aguerris au jihad en Irak et en Syrie. Pour la première fois depuis juillet 2011, le Royaume-Uni est ainsi placé en alerte "grave", soit le quatrième niveau sur une échelle de cinq. Cela signifie qu'une attaque est "hautement probable", sans pour autant qu'il existe des informations sur une menace "imminente", comme l'a précisé la ministre de l'Intérieur Theresa May. Le seuil "critique", signifiant qu'une attaque est attendue d'un instant à l'autre, a été atteint à deux reprises, en 2006 et en 2007, depuis la création de ce baromètre il y a huit ans. Le terrorisme "n'est pas un problème nouveau en Grande-Bretagne", a rappelé le Premier ministre David Cameron en citant les exemples des attentats de Londres en juillet 2005 et, plus récemment, du "meurtre barbare" du soldat Lee Rigby. "Mais avec l'Etat islamique, nous sommes confrontés à la menace la plus grave que nous ayons jamais connue", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Downing Street. Pour la combattre, il a annoncé qu'il allait "présenter dès lundi devant le Parlement de nouvelles propositions de loi" censées notamment "faciliter la confiscation de passeports." Un nombre croissant de membres de son gouvernement et de hauts responsables de la sécurité ont réclamé ces derniers jours un durcissement de la législation face à la radicalisation de jeunes musulmans en Grande-Bretagne. "Il est évident qu'il y a des trous dans notre arsenal" juridique, a-t-il insisté, répondant ainsi à l'appel de Theresa May, laquelle avait déclaré dès samedi dernier qu'il fallait faire plus pour empêcher des aspirants jihadistes de quitter le Royaume-Uni afin de partir combattre au Moyen-Orient. "La menace augmente" David Cameron a de nouveau évoqué vendredi le chiffre officiel d'"au moins 500 Britanniques partis en Syrie et potentiellement en Irak" pour rejoindre les rangs de l'Etat islamique (EI), érigé au rang d'ennemi public numéro 1. "Avec l'EI, on se retrouve avec une organisation terroriste qui n'est pas hébergée par un pays précis mais qui cherche à établir et à étendre, de manière violente, son propre état terroriste. Nous pourrions nous retrouver avec un état terroriste aux bords de la Méditerranée. Cette ambition de créer un califat extrémiste représente une menace pour notre propre sécurité au Royaume-Uni", a-t-il dit. Même si Scotland Yard s'est dit "prêt" à faire face à cette éventualité, les autorités craignent que des jihadistes ne planifient des attentats à leur retour sur le sol britannique. Cette menace constitue, selon M. Cameron, la "plus grave" à laquelle le Royaume-Uni ait jamais été confronté. Elle trouve ses origines dans "l'idéologie empoisonnée de l'islamisme extrémiste" qu'il faudra "probablement combattre pendant des années si ce n'est des décennies", a-t-il averti. Le meurtre par décapitation du journaliste américain James Foley, des mains d'un bourreau "qui semble de plus en plus être un ressortissant britannique", a-t-il ajouté, "rappelle, s'il le fallait, que ce n'est pas quelque chose qui se déroule à des milliers de kilomètres et qu'on puisse ignorer". "La menace augmente", a encore dit M. Cameron, sans fournir de précisions. Tout en martelant sa détermination à "combattre l'EI", David Cameron a cependant écarté de nouveau toute idée d'un engagement militaire en Irak, un an jour pour jour après le veto du Parlement britannique à une intervention contre le régime syrien de Bachar al-Assad, vécu comme un échec personnel. Responsable de la lutte anti-terrorisme, Mark Rowley a indiqué que les nouvelles mesures de sécurité, qui se traduisent notamment par une présence policière accrue dans les espaces publics, allaient entrer en vigueur dès vendredi. Il a également déclaré que l'enquête se poursuivait pour identifier expressément le Britannique soupçonné d'avoir tué James Foley. Plusieurs journaux ont indiqué que les services de renseignement avaient déjà déterminé l'identité du suspect mais qu'ils ne souhaitaient pas la révéler.