Désormais, chaque week-end qui passe - week-end pourtant censé être un «moment de détente» - l'on assiste dans nos arènes sportives à des scènes de violence qui dépassent tout entendement. Une violence qui dénote on ne peut mieux l'expression d'un ras-le bol, d'une frustration d'une jeunesse sans repères. Que préconisent les candidats dans leurs programmes pour la prise en charge du dossier jeunesse ? Que répondent-ils en ce qui concerne ce phénomène ? Le candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika a consacré un long chapitre dans son programme au volet jeunesse dans tous ses aspects. Il promet de prendre en charge ses attentes, notamment dans le domaine du sport, en veillant entre autres à son épanouissement et à sa protection des fléaux sociaux : «Les moyens nécessaires sont mobilisés et le mouvement sportif sera encouragé dans cette voie» est-il noté dans le programme du candidat. Le sport est une «priorité nationale», a-t-il indiqué à Sétif lors de son meeting dans le cadre de la campagne qu'il a consacré spécialement à ce thème crucial. Il a estimé que le sport en Algérie, notamment le football, «souffre d'un problème d'encadrement», avant d'admettre que le travail au service du sport a cédé la place au «business» et à la «corruption» dans les milieux sportifs. «Que ceux qui veulent gagner de l'argent se reconvertissent dans le commerce, mais qu'ils ne se jouent pas de nos jeunes qui constituent l'avenir du pays», a asséné Bouteflika. Il a considéré qu'il s'agit là d'un sujet à la fois «important» et «dangereux», dans la mesure où «la violence a envahi le sport au moment même où la jeunesse s'adonne à la drogue». Joint hier pour donner son avis, Aïssa Benmekki, le directeur de campagne du candidat Ali Fawzi Rebaïne, estime pour sa part que la violence dans les stades «n'est pas un phénomène isolé.» Il considère qu'il demeure «le seul moyen d'expression de ces jeunes qui ont perdu leurs repères identitaires, ressentent la hogra et vivent la frustration au quotidien.» Pour lui, il faudrait toute une génération pour éradiquer le fléau. Il s'agira dans l'immédiat, croit savoir notre interlocuteur, de «rétablir le principe de justice.» Le candidat qu'il représente prône dans ce même sens, nous informera Belmekki, de rajeunir les institutions en mettant en valeur cette ressource humaine qu'est la jeunesse. Seule voie à même, selon lui, de regagner sa confiance. Pour le candidat Mohamed Saïd, la restauration des valeurs morales par une meilleure prise en charge de l'enfant à travers toutes les étapes de sa vie scolaire et universitaire contribuerait à son émancipation ; il propose ainsi dans son programme «la propagation de la culture de la tolérance au lieu de la culture de la violence, et de la culture de l'intégrité et de la transparence au lieu de la culture de la corruption». Son directeur de campagne Djamel Benziadi nous dira fort à propos : «Le sport n'est pas entre les mains des sportifs, il est hélas entre les mains des businessmen. Nous récoltons aujourd'hui le fruit de ces choix.» Le candidat Mohamed Saïd, nous dira notre interlocuteur, «fera tout pour revoir la politique sportive en général et confier la gestion du sport aux vrais sportifs (…) Il faut rendre à César ce qui appartient à César». Nos tentatives de joindre les autres candidats ou leurs représentants sont restées lettre morte. Mais il y a lieu de noter que tous les candidats ont évoqué la nécessité de prendre en charge les aspirations la jeunesse. Il va de soi que le phénomène de la violence dans les stades, au-delà de ce qu'il constitue un mal qui gangrène notre société, devrait du moins être combattu et il est clair que tout le monde doit se mobiliser pour ce faire. Les pouvoirs publics ont récemment pris l'initiative de se pencher sur le sujet avec l'organisation de plusieurs rencontres et tables rondes ainsi qu'une journée «radiophonique» consacrée au fléau. Mais est-ce suffisant ?