La réunion des pays du G20 à la City de Londres fera date. L'économie mondiale frappée par une crise financière dévastatrice jamais vécue depuis la seconde guerre mondiale est à la recherche de nouvelles voies de relance. Si certains spécialistes et experts ont considéré que ce sommet comme étant un début du processus de réforme, d'autres ont bien placé leurs grands espoirs estimant que d'importantes décisions seront prises. Les vingt nations participantes marqueront à jamais d'une pierre blanche l'histoire de la coopération internationale et devront trancher sur les mécanismes à mettre en place pour minimiser voir contenir les effets de bulles financières. Les Américains sont favorables à toujours plus de relance. Le nouveau président Barack Obama qui participera à son premier G20 a insisté sur ce point lors de ses récentes sorties médiatiques. Tout en apportant un démenti aux rumeurs selon lesquelles les Etats-Unis sont en désaccord avec les pays européens sur la manière d'aborder la crise financière mondiale, le nouveau locataire de la Maison Blanche a affirmé que " la tâche la plus urgente qui nous incombe à tous est d'adresser un message fort d'unité face à la crise ". M. Obama avait souligné que le choix n'était pas entre l'injection massive de capitaux dans l'économie mondiale pour stimuler la croissance et la création d'un nouveau cadre de régulation financière. " J'ai régulièrement fait valoir qu'il fallait une approche (combinée). Nous avons besoin de stimulation et de régulation ", a tenu à souligner le président américain. Le Premier ministre britannique Gordon Brown a estime, de son côté, que le sommet du G20 n'est qu'"une étape dans un processus " et d'ajouter " le vrai test est de montrer que nous pouvons travailler ensemble. L'objectif est que nous soyons capable de nous réunir et de prendre des décisions coordonnées sur l'avenir de notre système financier, la croissance de notre économie et que nous montrions que nous pouvons mettre à jour les institutions financières internationales." Dans ce contexte, il a évoqué la nécessité d'une réforme du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Gordon Brown a souligné également l'importance de la coordination des supervisions d'un système d'alerte avancée contre les crises. La régulation : le point focal La chancelière allemande Angela Merkel a fait savoir, pour sa part, qu'elle n'avait pas l'intention de s'engager à injecter davantage de fonds publics dans l'économie allemande. Elle rejoint la position du président français Nicolas Sarkozy sur la nécessité d'une régulation financière stricte contrecarrant tous les spéculateurs. La France et l'Allemagne ont réaffirmé, en effet, que les mesures de relance économique étaient suffisantes pour le moment, et que la priorité pour sortir la crise était de renforcer la régulation de la finance internationale. Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé, le 12 mars à Berlin, que " le problème n'est pas de dépenser encore de plus mais de mettre en place un système de régulation." Mme Merkel a considéré que la stabilité et le bon fonctionnement des marchés financiers sont cruciaux pour la croissance et l'emploi. Le Premier ministre japonais Taro Aso a soutenu de son côté cette réforme de la régulation financière. " Nous devrons souligner que les fondements du Fonds monétaire international (FMI) sont fragiles et que nous devons créer des régulations et une supervision financière", a défendu M. Aso au Parlement japonais. Pour ces grandes puissances économiques (l'Allemagne, la France, le Japon), le sommet devait porter en priorité sur la réforme de la régulation financière plutôt que sur une révision de la régulation financière. La réunion de Londres qui regroupe ainsi des pays concentrant 90% de la richesse mondiale (le G8, l'Union européenne et les grands pays émergents, dont l'Inde, la Chine et le Brésil) aura lieu dans un contexte des plus difficile, surtout que le Fonds monétaire international (FMI), prévoyait désormais une récession avec une contraction de 1% du PIB mondial. A ce propos d'ailleurs, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, redoute une " crise politique mondiale " si le G20 ne s'accorde pas sur une stratégie commune. Le sommet devra donc trancher : aucun acteur financier, pas même les fonds spéculatifs ou les agences de notation, ne devrait pouvoir échapper désormais à une réglementation. A l'initiative de la France et de l'Allemagne, la réunion réservera une place à la lutte contre les paradis fiscaux. La menace d'une " liste noire " a déjà poussé des pays comme le Luxembourg, l'Autriche et la Belgique, et même la Suisse, à assouplir leur secret bancaire. Le G20 devrait aboutir à un doublement à 500 milliards de dollars des ressources du FMI et réaffirmer son attachement à une économie mondiale ouverte basée sur les principes de marché, une régulation efficace et des institutions mondiales fortes.