La participation des pays émergents au sommet de Londres démontre à plus d'un titre que leur rôle est déterminent dans le dénouement de la crise économique mondiale. La Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique, l'Arabie Saoudite et bien d'autres devront défendre à cette occasion leurs intérêts. Très dépendants de leurs exportations, les pays émergents étaient un peu en retrait des débats et des tractations autour de la crise économique, qui faut-il le rappeler, a été provoquée, par l'affaire des crédits subprimes aux Etats-Unis en fin 2007. Les industries émergentes ont été directement affectées par le fait de leurs interconnexions au système financier mondial et la dépendance de leurs économies des marchés développés. Les pays émergents jouent aujourd'hui un rôle croissant sur le marché des capitaux et des biens et services. La Chine, l'Inde, les pays du Golfe et certains pays asiatiques, accumulent désormais de considérables excédents courants dans la balance des paiements mondiaux. Sous l'effet de contagion, les revenus ont été touchés ainsi que les taux de croissance ayant accusé des baisses conséquentes. C'est ainsi que les pays émergents réclament un plus grand rôle dans le système financier. Le Premier ministre indien Manmohan Singh, le président sud-africain Kgalema Motlanthe et le président brésilien Lula réunis récemment ont réitéré leur volonté de jouer un rôle plus important dans le système financier, soulignant que la crise prouvait la nécessité de les inviter à la table des grands pays industriels. Ils demandent une réforme des institutions comme le Fonds monétaire international afin de prendre en compte leur place grandissante dans l'économie mondiale. Il faut souligner que plusieurs propositions seront faites lors de ce sommet à Londres. L'Argentine, par la voix de son ministre des Finances, Carlos Fernandez, envisage de proposer la création d'une nouvelle architecture financière mondiale, la réforme des institutions de prêt, en particulier le Fonds monétaire international (FMI), et l'adoption de mesures préventives pour éviter de nouvelles crises. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et le Premier ministre britannique Gordon Brown ont proposé, le 26 mars, la création d'un fonds mondial de 100 milliards de dollars américains pour stimuler le commerce. M. Lula a également affirmé qu'il était important de discuter d'une proposition russe visant à remplacer le dollar comme monnaie de réserve internationale. La Chine, la véritable locomotive de l'économie mondiale, a invité la communauté internationale à " agir ensemble " pour traverser la crise financière mondiale. Le vice-Premier ministre chinois Wang Qishan a fermement rejeté le protectionnisme de tout genre pour le commerce et l'investissement. S'agissant de l'augmentation des ressources financières du FMI, le vice-premier chinois a dit que son pays " est favorable à cette augmentation dans la mesure où les fonds sont sûrs et les rendements raisonnables peuvent être assurés ". En échange, a-t-il ajouté, " le FMI doit renforcer sa capacité, réformer la structure de gouvernance et assurer que les ressources jouent un rôle important dans l'atténuation de la crise financière internationale et dans la lutte contre la récession économique mondiale." L'Indonésie compte proposer, quant à elle, une réforme des institutions financières globales et la création d'un fonds global en faveur des pays en voie de développement pour faire face aux difficultés dans la crise. L'Afrique du Sud envisage d'œuvrer, pour sa part, pour le paquet de stimulation budgétaire et des mesures anti-protectionnistes. Elle soutient la réforme de la Banque mondiale et du FMI afin de les rendre plus " représentatifs " parmi les économies émergentes, et demandera aux membres du G20 de tenir leurs promesses d'accroître l'aide à l'Afrique en dépit de l'actuelle récession économique. Enfin, l'Arabie Saoudite, en tant que seul pays du Moyen-Orient participera au sommet de Londres, pour contribuer à un paquet de stimulation international de 2.000 milliards de dollars.