La mercuriale affiche des prix affolants. Les détaillants appellent le ministère de l'Agriculture à déléguer des contrôleurs dans les marchés de gros. Selon eux, "des individus sans scrupule détiennent le monopole et imposent leur diktat". Les vendeurs en gros de fruits et légumes sont pointés du doigt par l'ensemble des détaillants que nous avons approchés dans différents marchés de la capitale. D'après leurs analyses, "les marchands de gros sont responsables de la flambée des prix des légumes, notamment la pomme de terre (…) ils répètent le scénario de l'année dernière et cela ne s'arrêtera pas tant que les autorités concernées ne dépêchent pas des équipes de contrôle sur les lieux de vente en gros, particulièrement les marchés des Eucalyptus, de Rovigo et de Boufarik." Ainsi, et selon nos interlocuteurs, «les marchés de gros sont envahis par des groupes de spéculateurs. Ils opèrent des transactions privilégiant les entreprises». Ils ont pour la plupart, et sans citer le nom des entreprises, indiqué que «leurs coursiers achètent au-delà du prix que nos proposons. En plus, les casiers de marchandises que nous achetons sont à moitié pourris, en premier lieu la tomate». Ce produit, très apprécié par les Russes, est cédé entre 80 et 100 DA au marché de Meissonnier (Alger-Centre). Au vu de son prix, la pomme de terre, fait dire à des citoyens que c'est «la pomme du ciel», bien que vendue entre 70 et 100 Da, est loin de répondre aux normes minimales de qualité. Les commerçants veulent mener leur propre enquête dans les marchés de gros. «Nous ne pouvons pas subir sans rien faire. Regardez cette catastrophe», nous dit-on en montrant les étals quasi vides. En réalité, vu les circonstances, ils ont tendance à éviter de vendre ce tubercule si controversé. Au marché d'El Madania, les navets sont vendus à 90 DA le kg. Qui l'eût cru ! Les commerçants se sentent victimes des détaillants, qui à leur tour, se disent victimes des marchands de gros. À El Affia par exemple, où le marché présente une importante variété de produits, les détaillants donnent la même explication. "Ce sont les grossistes qui donnent la température. Nous sommes en continuel conflit avec eux car ils se considèrent en position de force et font la loi comme bon leur semble". Enfin, la seule satisfaction concerne les amateurs de petits pois : entre 60 et 65 DA sur les étals, ils ont l'air de vouloir faire pardonner les tarifs excessifs des autres légumes.