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Le marché des produits de large consommation a perdu le nord Une action salutaire des pouvoirs publics est souhaitée par les commerçants et la clientèle
La régulation du marché et la maîtrise des mécanismes de prix reste la principale préoccupation aussi bien des pouvoirs publics que des citoyens contraints de subir le diktat d'un secteur pris dans le tourbillon d'une dérégulation qui lui a fait perdre le nord. Le ministre du commerce avait récemment réaffirmé la volonté des pouvoirs publics de «reprendre» le taureau par les cornes et de définir de nouveaux codes devant régir la pratique commerciale. D'ailleurs son passage devant les élus de l'Assemblée populaire nationale s'inscrit dans ce cadre et plusieurs avant-projets sont en cours d'élaboration avant leur passage devant le conseil des ministres puis les deux chambres du parlement. De nombreux citoyens estiment que les codes qui balisaient l'activité sont aujourd'hui obsolètes, notamment après la libéralisation du marché qui n'a pas adapté des textes de loi à la nouvelle configuration du secteur et aux règles de l'offre et de la demande. Plusieurs citoyens estiment que le moment est venu de démanteler les verrous qui ont mortifié le commerce de gros et redéfinir une nouvelle législation qui exclurait de fait les intermédiaires et autres intrus qui dérégulent la pratique commerciale. Ces derniers prennent pour exemple la levée des monopoles qui, au lieu de donner un air de liberté et de variété au marché, a donné l'occasion à une faune d'intermédiaires de squatter les réseaux de distribution. «Allez faire un tour du côté des halles centrales et des marchés de gros et vous verrez que les mandataires sont concurrencés par des individus prêts à mettre le prix pour s'offrir tout un arrivage ou à bloquer la vente d'un produit», dira un détaillant en fruits et légumes. Ce dernier ne manquera pas de souligner que l'association des mandataires a soulevé à plusieurs reprises le problème de ces intrus mais sans réussir à les chasser du giron des marchés de gros et des halles. «Que voulez-vous, on ne peut pas fixer dans ce cas une mercuriale tant le produit peut changer plusieurs fois de main avant d'atterrir chez le détaillant», précisera la même source. Le problème de la marge bénéficiaire Cette situation de déliquescence est également constatée chez les détaillants en produits de première nécessité. La marge bénéficiaire ne répond à aucune logique commerciale dans ce secteur qui ne sait plus sur quel pied danser. «Moi quand j'apprends que les contrôleurs des prix s'apprêtent à faire une descente, je baisse rideau. Je suis en règle mais je préfère éviter des questions gênantes sur l'affichage des prix, sur l'étiquetage des produits. J'ai un registre du commerce en règle, je paie mes impôts mais je ne peux pas afficher des prix car moi je m'approvisionne auprès d'intermédiaires. C'est la faute aux grossistes qui ont permis à ces gens de s'imposer comme un passage obligé. Je ne peux pas faire la publicité de mes prix car moi on ne me délivre pas de factures quand j'achète. C'est tout un problème et l'Etat doit reprendre sous une forme ou autre, le contrôle du marché car nous ne savons plus quoi faire. Pour définir ma marge bénéficiaire, il faut toute une gymnastique, notamment pour les produits dont les prix sont fixés par l'Etat comme le lait», dira un commerçant. C'est dire qu'au moment où l'Algérie est engagée dans un processus de négociations visant à moyen terme son adhésion à l'organisation mondiale du commerce, le secteur souffre, provoquant ainsi un surenchérissement de l'inflation qui pourrait à brève échéance plomber davantage le pouvoir d'achat et menacer la paix sociale.