La Seine avait "consommé" des militants algériens bien avant le 17 octobre 1961, a affirmé mardi à Alger, le moudjahid Mohamed Ghafir, dit "Moh Clichy", se référant aux comptes-rendus d'historiens français. "La Seine avait consommé des Algériens bien avant le 17 octobre 1961, tel que prouvé par les multiples disparitions de militants et dont les traces n'ont jamais été retrouvées avant cette date ainsi que les comptes-rendus d'historiens français eux-mêmes", a affirmé le moudjahid, au forum du quotidien DK News. L'intervenant, qui s'exprimait précisément sur "les origines, le pourquoi et l'impact" de ces événements, est revenu sur les faits saillants ayant précédé et conduit à ce "étape charnière" du parcours de la révolution algérienne. Il s'est notamment arrêté sur la "grève des 8 jours" en 1957, qui représente à ses yeux un "1er Novembre bis", et dont le premier martyr avait été le moudjahid Rabie Rabie, assassiné par les balles des Messalistes qui avaient tenté de faire avorter cette initiative, a-t-il tenu à rappeler. Il s'est, ensuite, remémoré le 1er couvre-feu imposé aux Algériens par le gouvernement français le 1er septembre 1958, sans qu'il ne soit respecté par ces derniers, entraînant une vague de répression policière ciblant "toute personne au teint basané", de même que des assassinats. "Maurice Paon a été ramené de Constantine pour nettoyer Paris du Front de libération nationale", a rappelé "Moh Clichy" avant de revenir sur les "mois rouges" qu'avaient été août et septembre 1961, en raison de la violence qui a conduit à d'autres exécutions d'Algériens. Qualifiant ce laps de temps de "guerre", le moudjahid Ghafir a, en outre, évoqué les événements ayant jalonné le mois prochain, dont l'instauration d'un autre couvre-feu, à partir du 6 octobre à l'adresse des Algériens, précédant le jour J. 300.000 travailleurs algériens de France devaient répondre à l'appel du FLN de ne pas se rendre au travail, ce qui fût majoritairement fait, conduisant à la "paralysie" du pays par un "impact plus important que s'il s'agissait d'une embuscade dans un maquis algérien", a témoigné "Moh Clichy". Le conférencier a observé, à ce propos, que les événements du 17 octobre 1961 n'étaient pas "un mouvement de foule" mais la "bataille de Paris", se référant au titre d'un compte-rendu de l'historien Jean-Luc Einaudi, ajoutant que "le monde entier avait pris connaissance de ce massacre", rapporté par de nombreux auteurs étrangers, dont des Suisses, des Anglais. Soutenant, par ailleurs, que 80 % du budget de la guerre de libération nationale était issu de l'immigration, le moudjahid a conclu que les événements du 17 octobre s'assimilaient à une "aventure" mais qui n'en était pas moins "réfléchie". Responsable de la "rive 1" de La Seine pendant les événements en question, "Moh Clichy" leur a consacré un ouvrage, publié en 2012, intitulé "Droit d'évocation et de souvenance sur le 17 octobre 1961 à Paris", avec une préface de Jean-Luc Einaudi et de Boualem Aîdoun.