L'effacement des dettes des agriculteurs et des éleveurs contractées auprès de la Banque de l'Agriculture du Développement rural (BADR) et de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), qui s'élèvent à 41 milliards de DA, "est finalisé à hauteur de 80%", a annoncé hier un cadre de la CNMA qui a requis l'anonymat. La même source a ajouté que "l'opération d'assainissement des dossiers ne saurait tarder, et se fera au plus tard dans deux mois". L'effacement a été effectué, précise-t-on, "au cas par cas". On apprend également que la dette sera rachetée par le Trésor public sans faire l'objet d'une disposition dans le cadre de la loi de finances complémentaire, tel qu'annoncé par certains responsables du secteur de l'agriculture, en l'occurrence le secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens, Mohamed Alioui. Alors que le traitement des dossiers devait initialement être assuré par une commission mixte entre le ministère de l'Agriculture, le ministère des Finances, les deux banques débitrices et le Trésor public, l'opération a été confiée finalement au ministère des Finances dans le but de "bien mener l'opération". Ce dernier a été chargé de mettre en application la décision du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Par ailleurs, depuis cette annonce, les banques ont suspendu les opérations de recouvrement des dettes, a affirmé hier Nasr Eddine Abarhi, membre de l'Union algérienne des agriculteurs libres, et "même les mises en demeure adressées aux agriculteurs endettés ont été suspendues". En raison des lenteurs administratives, seuls ceux qui ont fait l'objet de poursuites judiciaires engagées par les banques débitrices n'ont pas encore vu leur cas solutionné. Nasr Eddine Abarhi regrette, en revanche, le fait que l'effacement des dettes ait été décidé "en retard", puisque les agriculteurs qui étaient endettées "n'avaient pas les moyens financiers nécessaires au début de l'année agricole", notamment ceux de la filière pomme de terre. Après les pertes subies lors des précédentes campagnes, en raison notamment uu mildiou, plusieurs agriculteurs ont réduit les surfaces cultivées. Pour Mohamed Cherif Ould El Hocine, président de la Chambre nationale de l'agriculture (CNA), "l'effacement des dettes des agriculteurs devra permettre la poursuite des efforts autour du développement agricole et de renouer avec les investissements." Après avoir épongé leurs dettes, l'Etat est appelé à mettre en œuvre d'autres mesures d'accompagnement pour redynamiser le secteur agricole. De nouvelles orientations dans le sens d'une révision des procédures bancaires sont aussi attendues pour permettre aux intervenants du monde agricole de développer divers projets. Pour rappel, sur les 41 milliards de DA, la CNMA devra éponger un montant de 19,4 milliards de DA, alors que la BADR effacera le reste du montant, soit 21,6 milliards de DA.