Le documentaire "10949 femmes" de Nassima Guessoum, projeté mercredi à la salle El-Mougar a rendu un hommage aux "combattantes de l'ombre" à travers la biographie de Nassima Hablal, une des premières militantes du mouvement national. Le film de 72 minutes a été très applaudi par un public ému aux larmes par la sincérité du verbe et les qualités morales d'une femme qui a pourtant fini sa vie dans la solitude d'un cadre de vie sordide à Alger. Secrétaire au Cabinet du Gouverneur général d'Algérie et militante de l'organisation féminine du PPA dans les années 1940, elle a été recrutée par Abane Ramdane lui-même en tant que secrétaire du Comité de coordination et d'exécution (CCE) du FLN. Ses activités notamment de propagandiste lui ont valu de connaître 17 prisons et centres de tortures y compris outre-méditerranée. Cuisinant, chantant, narrant sa vie héroïque avec une totale liberté de ton, Nassima Hablal brise tous les clichés sur les femmes indigènes "soumises" et "effacées" chères aux colonialistes. En convoquant Baya El-Kahla et Nelly Forget, compagnes de lutte et de prison de Nassima Hablal, le film élargit cette parole féminine aux espaces traditionnellement interdits d'expression. "Après mon mariage je n'étais pas bien. J'ai raconté à mon père tous les viols que j'ai subis après mon arrestation. Il m'a prise dans ses bras et m'a dit +tu nous a donné El-Hourriya (l'Indépendance), tu es pure et brillante devant le Créateur+" s'est souvenu Baya. "En prison, Nassima étendait sa couverture multicolore, et assise sur notre îlot elle me racontait son voyage à Fez. Nous nous évadions de cette manière..."a témoigné Nelly Forget que la réalisatrice a retrouvée en France à la demande de Nassima. Le verbe limpide des combattantes algéroises a été relayé mercredi par l'action artistique du plasticien Denis Martinez filmée par Claude Hirsch dans le documentaire "Martinez, un homme en libertés". En Kabylie, à Mostaganem, Blida ou dans le grand Sud algérien, l'artiste plasticien, las de l'enfermement de l'atelier, fait connaître son travail en peignant sur des supports multiples et en public. Maisons traditionnelles, sables des déserts ou engins agricoles il crée et suscite la fête populaire là où il pose son pinceau. Ce documentaire rend un hommage aux artistes assassinés durant les années 1990, amis du peintre et hommes d'avant-garde. Le documentaire "Algérie, dernière génération" d'Evelyne Jousset Garcia, fait connaître le vécu des enfants de pieds-noirs qui ont quitté l'Algérie en 1962. "Nous avons débarqué à Marseille sous les quolibets, les insultes et les crachats de la population marseillaise" témoigne l'un de ses enfants aujourd'hui âgé de la soixantaine. Des parcours entre "le chaos de la guerre, le chaos de l'exil et celui de la survie" qui ont marqué à jamais ceux qui les ont cheminé. Ces trois documentaires ont été suivis par le documentaire de clôture des JCA, consacré à Dahmane El-Harrachi de la Libanaise Farah Alameh.