Le Parti socialiste espagnol présentera, mardi prochain au Congrès des députés, un projet de motion demandant au gouvernement du Parti populaire (PP au pouvoir) de reconnaître l´Etat de Palestine, comme l´a fait, récemment, la Suède. Toutefois, le président Mariano Rajoy ne prendra de décision sur cette question que si le projet socialiste recueillait le consensus du Parlement. Il restera, en plus, au président du gouvernement espagnol de prendre l´avis de ses pairs européens à ce propos comme c´est d´usage au niveau des «28» lorsqu´il s´agit de grandes questions de politique étrangère «commune». Loin d´être une simple formalité, cette condition ne devrait pas rencontrer d´obstacles à Bruxelles, si Madrid fait preuve de détermination. La Haute Représentante à la politique extérieure de l´UE avait déclaré, en effet, depuis Ghaza où elle se trouvait en visite la semaine dernière que «le moment est venu de reconnaître l´Etat de Palestine». Les termes du projet de motion sont négociés actuellement par Mme Trinidad Jimenez, ancienne ministre socialiste des Affaires étrangères et actuelle présidente du groupe parlementaire de son parti avec tous les représentants des formations politiques représentées au Congrès des députés. Le PS, qui semble avoir emboîté le pas dans cette direction au Parti socialiste français, justifie son initiative par sa «conviction que seule la coexistence de deux Etats pourrait favoriser la conclusion d´un accord de paix et de sécurité entre Israël et la Palestine». Selon des «sources informées» citées par le quotidien El País, le chef de la diplomatie espagnole serait disposé à accepter la proposition socialiste. Le 23 octobre dernier devant le Sénat, García-Margallo avait été interpellé sur la question de savoir si l´Espagne allait ou non suivre l´exemple de la Suède et reconnaître l´Etat de la Palestine. Sa réponse avait été plutôt nuancée, disant que «pour le moment l´Espagne estime que la reconnaissance de l´Etat de Palestine doit être le résultat des négociations entre les parties israélienne et palestinienne». Jeudi, au cours d´un déjeuner au siège de l´Association des journalistes européens, à Madrid, il avait répondu plus clairement que «l´Espagne reconnaîtra la Palestine quand nous aurons la conviction que cette initiative, qui ne doit pas avoir un simple caractère symbolique, servira la paix ou lorsque nous aurons la conviction que les négociations entre les Israéliens et les Palestiniens n´avancent pas». Cette réponse est similaire à celle qu´avait faite quelques jours auparavant le chef de la diplomatie française, disant que Paris «prendra ses responsabilités si les négociations étaient bloquées», en allusion au refus de Netanyahou de geler les colonies juives en Cisjordanie, attitude qui a suscité une condamnation unanime de l´UE. La position espagnole devrait donc évoluer sans doute en fonction de l´écho qu´aura la même initiative parlementaire que le Parti socialiste français engagera prochainement au palais Bourbon.