Les représentations médiatiques des joueurs algériens en France est le thème abordé, jeudi à la deuxième et dernière journée du colloque international "Entre Algérie et France, migrations football et médias", ouvert mercredi au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), basé à Oran. Les conférenciers ont examiné plusieurs aspects liés notamment aux quotidiens francophones algériens et leurs rapports avec les footballeurs issus de l'immigration algérienne, particulièrement en France. L'universitaire Youssef Fatès de l'Université de Paris Ouest-Nanterre a posé la problématique suivante "un football pour quel pays: France ou Algérie?". Pour le conférencier, il s'agit d'analyser la place accordée par les grands quotidiens francophones algériens aux footballeurs issus de l'immigration algérienne et sociétaires de clubs français, ainsi que l'image diffusée par ces médias de ces joueurs et le dilemme vécu par ces joueurs sur le plan identitaire. Sur un autre plan, Yvan Gastaut de l'Université de Nice a focalisé sa communication sur Zidane et les footballeurs algériens et maghrébins en général à la télévision française. Le chercheur français s'est référé à un fonds d'archives de l'INA sur les apparitions des footballeurs algériens ou d'origine algérienne à la télévision française, explorant la période qui précède la coupe du monde 1998 et les discours sur la France appelée alors "Black, blanc, beur". Pour cet universitaire, "il s'agissait de présenter dans quelle mesure apparaissent, au petit écran, des figures plus ou moins reconnues comme représentant le football algérien. L'objectif est de "saisir les discours autour de l'identité complexe des footballeurs entre la France et l'Algérie". Il a, dans ce cadre, axé sur la consécration de Zidane, d'origine algérienne, promu "sauveur de la France en 1998" en s'appuyant sur des extraits de reportages, d'émissions et de journaux télévisés sur différents événements et joueurs algériens ou d'origine algérienne (Zineddine Zidane, Noureddine Korichi et Salah Assad, entre autres). Le chercheur Stéphane Mouriane de l'Université d'Aix-Marseille, a axé son intervention sur "le football, l'immigration et le cosmopolitisme marseillais à la télévision française depuis les années 1970". Pour le conférencier, "la présence ancienne et nombreuse de populations migrantes donne à Marseille l'image d'une ville au cosmopolitisme revendiqué, au point d'en faire un élément substantiel de l'identité locale dans une ville qui érige son club de football, l'Olympique de Marseille, en sympbole identitaire". "On n'est pas surpris de relever la convergence des discours sur les capacités intégratrices de Marseille et du football en général" a souligné le conférencier évoquant l'ambiance dans le stade "Vélodrome" ou encore les effets bénéfiques de la pratique du football dans les quartiers défavorisés de la ville de Marseille. En même temps, l'orateur a rappelé les incidents ayant émaillé un match à Marseille entre la Tunisie et l'Angleterre lors de la phase finale de la coupe du monde de 1998 et ceux ayant succédé, en France, les matchs de l'équipe nationale algérienne au mondial 2014 du Brésil. Pour cet universitaire, "le football révèle une réalité sociale plus complexe que les médias peinent à saisir". Pour sa part, M. Stéphane Kronenberger de l'Université de Nice a focalisé, sa communication intitulée "De l'usine au stade", sur la présence maghrébine à Sochaux à travers les médias. L'agglomération de Sochaux Montbéliard, à l'Est de la France, dispose d'usines dont la plus grande de France appartenant à la famille Peugeot, qui a recruté une large part des travailleurs immigrés. La presse et la télévision mettent en exergue les équipes du club local de football, le FC Sochaux, dont une emmenée par l'ex international algérien Abdel Djadaoui, a-t-il évoqué s'interrogeant si ces deux mondes se rencontrent et à quelles occasions et selon quelles temporalités. Pour sa part, Benyoucef Ouaâdia, ancien journaliste de la télévision algérienne s'est intéressé, dans son intervention, sur l'apport des joueurs de l'émigration pour l'équipe nationale notamment et leur rôle dans le développement du sport national. Ce colloque de deux jours a été organisé par le CRASC d'Oran en collaboration avec le réseau français "Pangée network" pour la promotion du dialogue interculturel et le laboratoire "Telemme", dans le cadre du programme de recherche financé par l'Agence nationale de la recherche et "Ecrans et Inégalités" ANR-ECRIN (France).