«Il faut désormais s'armer de patience et fournir des efforts supplémentaires pour ancrer la démocratie pour laquelle nous luttons depuis des lustres.» C'est en ces termes que le candidat Djahid Younsi a résumé hier lors d'une conférence de presse l'élection présidentielle, caractérisée, selon lui, par une fraude massive, œuvre, a-t-il relevé, de l'administration. «Nous espérions, a-t-il dit, que cette occasion soit une étape de plus pour la jeune démocratie. Nous voulions y contribuer, de lui redonner espoir.» Mais le candidat islamiste, dépité par le «classement» peu reluisant qu'il a obtenu, accuse l'administration de fraude. «Non seulement au profit d'un seul candidat, mais de plusieurs», a relevé Younsi qui affirmera, procès-verbal à l'appui, que son parti a été spolié de 1600 voix à Constantine, faisant savoir que le candidat Moussa Touati a bénéficié par contre dans la même circonscription de pas moins de 11 400 voix supplémentaires. Il affirmera, répondant à une question sur les actions à entreprendre dans l'immédiat, que «nous procéderons par voie légale en saisissant le Conseil constitutionnel sur les cas de fraude constatés. Nous détenons en tout 10 PV». Dans le même sillage, le candidat islamiste retiendra d'autres griefs contre cette même administration qu'il qualifie de plus grand parti politique en Algérie. «Nos représentants ont été chassés des bureaux de vote», s'est-il plaint, précisant qu'il a saisi la commission de surveillance des élections. Au début du scrutin, fera-t-il remarquer, «les échos qui nous parvenaient durant la matinée étaient positifs, hormis quelques dépassements insignifiants», mais dans l'après-midi «tout s'est accéléré», accusera-t-il, tout en révélant qu'«à l'heure où je vous parle, le PV de dépouillement d'Alger n'est pas parvenu». Pour lui, le taux de participation et les résultats proclamés ne reflètent pas la réalité. «Le taux de participation ne dépassera pas 25%», assénera-t-il, précisant, en réponse à une question sur la recomposition de la carte politique nationale, qu'il ne faut pas se fier aux résultats du scrutin car «ce sont les résultats de la fraude». Ce qui, selon lui, fragilisera davantage le Président et donnera un sérieux coup à l'image de l'Algérie et à sa crédibilité. Commentant par ailleurs la réaction du département d'Etat US, il dira : «Nous n'avons de leçons à recevoir de personne.» Cependant, Djahid Younsi retiendra le fait que la campagne s'est déroulée dans de bonnes conditions. «A mon avis, le point positif à relever est que durant la campagne, tous les candidats ont prôné un discours sain et propre. Je les félicite, et j'espère qu'on poursuivra dans cette voie à l'avenir.» Un avenir qu'il voit «radieux» pour sa formation politique qui a «profité» de ces élections pour élargir sa base militante.