La campagne électorale n'a pas encore commencé et déjà les effets de la lourde machine roulant pour le candidat président se font sentir. Le candidat à la présidentielle représentant le mouvement El Islah, Djahid Younsi, a dénoncé, hier, lors d'une conférence de presse, l'inégalité des chances dans l'accès aux moyens dont bénéficie le candidat Bouteflika, qui a déjà entamé sa campagne. Des « milliers de points d'interrogation entourent cette générosité tardive dont fait preuve le Président en distribuant l'argent public de la sorte. C'est une façon inélégante de traiter le peuple algérien qui n'est pas un demandeur d'aumône. La dignité des Algériens ne s'achète pas. Utiliser de tels procédés n'est pas une preuve qu'il s'agisse d'une force réelle », a-t-il dit. Djahid Younsi, qui lance un appel pour une équité dans le traitement des candidats, dénonce l'utilisation des moyens de l'Etat. « C'est un retour au stalinisme, où même le temps des applaudissements est compté. Où l'on oblige par tous les moyens, même par la menace, les citoyens à sortir des entreprises et administrations pour accueillir ce candidat ou pour signer en sa faveur. » Le candidat d'El Islah estime que la loi a limité un seuil de 1,5 milliard de centimes comme dépense pour la campagne, et tout dépassement de ce seuil sera passible de poursuite que le Conseil constitutionnel a le devoir de mener. « Pourtant, ce candidat se permet une magnifique salle à Biskra dont la construction, à elle seule, a pu dépasser de loin le milliard et grâce à l'argent du peuple. J'aimerai bien avoir la chance de bénéficier de cette salle, qu'on nous offre les mêmes chances », dit-il, en notant qu'en termes de chance de passer à la télévision, le candidat président est servi par une galerie de porte-parole. « Comment se fait-il que moi qui suis candidat à la présidentielle, je n'ai pas eu la chance de passer à la télévision, alors qu'un candidat a la chance d'être représenté à trois reprises par trois différents responsables de partis politiques. Des partis qui pourtant n'ont pas de candidat issus de leurs rangs ». « En réalité, le Conseil constitutionnel a validé six candidats, mais sur le terrain, on va se retrouver avec neuf candidats et peut-être même avec dix-sept puisque les organisations de tout genre vont aussi faire campagne pour ce candidat », précise Djahid Younsi, qui exige que l'équité soit effective à partir de la campagne jusqu'au jour du scrutin. « Si nous voyons que les choses vont dépasser les limites du tolérable, nous agirons en conséquence. Nous ne sommes pas dans cette course comme une décoration », dit-il. Interrogé sur la participation à une élection dont le gagnant est connu d'avance, l'homme politique souligne que « l'espoir est toujours permis. Il n'y a pas d'autre alternative que de participer pour donner l'espoir aux Algériens et lui permettre de croire que le changement est possible. Il ne faut pas tomber dans la fatalité ». Evoquant son programme politique, le candidat d'El Islah, dont le slogan électoral est « Votre chance pour le changement », se dit représenter le courant islamiste. Toutefois, il indique être ouvert à tous les courants politiques. « Il faut lever les barrières entre les courants politiques. Notre mouvement s'oriente vers l'ouverture sur la mouvance démocratique », indique-t-il en se prononçant pour une amnistie générale en guise d'achèvement du projet de réconciliation nationale.