Malgré la vaste campagne de sensibilisation menée par l'Etat algérien, le phénomène de la violence continue de prendre des proportions alarmantes. Deux semaines après les regrettables incidents qui ont émaillés la rencontre MOB-USMA au stade de l'Unité Maghrébine, les mêmes scènes de violence se sont produites samedi passé à Larbaâ à l'occasion du match RCA-CRB. D'après les échos rapportés par la presse, plusieurs supporters du Chabab ont été blessés par des jets de projectiles avant même le coup d'envoi de la partie. Il parait que des ultras du club local avaient tendu un véritable traquenard aux abords du stade aux quelques 400 fans belcourtois qui ont effectué le court déplacement (40 km) jusqu'à cette localité de la Mitidja. A l'intérieur de l'enceinte Smail-Makhlouf, les choses ne se sont pas du tout arrangées puisque un autre incident a été également signalé avant la mi-temps lorsque des supporters du CRB ont envahit le terrain après avoir saccagé les gradins métalliques qui leur a été réservée en la circonstance. L'arbitre a dû même interrompre le jeu pour quelques minutes. Selon les Belouizdadis, cet envahissement du terrain fait suite à des jets de pierres de la part de la galerie du RCA, ce que réfute le président du club Djamel Amani. Ce dernier qui fut une ancienne gloire du CRB dans les années 80 a endossé la responsabilité de ces incidents à la commission de sécurité de l'APC de Larbaâ qui a décidé à la dernière minute de placer les supporters Rouge et Blanc dans un endroit inhabituel pour les galeries visiteuses. Quoiqu'il en soit, ce qui s'est passé samedi à Larbaâ ouvre une profonde réflexion sur une éventuelle interdiction systématique du déplacement des supporters visiteurs. Il faut dire que la présence de la galerie adverse dans le stade exacerbe les tensions autour du match, ce qui conduit souvent à des dérapages. Pourtant ce constat des plus criants n'a jamais emmené les instances sportives et politiques du pays à envisager carrément à supprimer les déplacements de supporters adverses pour réduire au moins le phénomène de la violence qui écume nos stades. D'ailleurs, cette option ne figure même pas dans la feuille de route en matière de prévention et de lutte contre la violence élaborée récemment par le ministre de la Jeunesse et des Sports Mohamed Tahmi. En tout cas, Mohamed Haddadj le président de la commission de discipline de la LFP qui propose jusque-là le huis clos comme seule solution répressive pour dissuader les supporters les plus récalcitrants, ne voit pas d'un mauvais œil une telle éventualité. «Interdire le déplacement des supporters adverses peut réduire le risque de débordements dans un match. Mais les autorités publiques sont les seules habilitées à prendre une telle décision», dira à ce sur le sujet l'ancien président de la FAF. Interdire le déplacement de supporters visiteurs n'est pas une procédure nouvelle. En France, le ministère de l'Intérieur a trouvé la parade pour prévenir des risques de trouble grave à l'ordre public en décidant la fermeture des tribunes «visiteurs» dans plusieurs stades notamment lors des matchs à très hauts risques à l'image du classique PSG-OM. De l'avis de beaucoup d'experts, cette mesure drastique a porté largement ses fruits puisqu'on assiste de moins en moins à des scenes de violences dans l'Hexagone. Pourquoi ne pas l'appliquer chez nous ?