Les artisans bijoutiers de la région des Ath Yenni dans la wilaya de Tizi Ouzou viennent de bénéficier d'une aide matérielle en vue de redorer le blason de cette activité. L'aide en question, estimée à 240 millions de centimes et dont ont bénéficié 24 artisans, a été octroyée par la direction de l'artisanat, des petites et moyennes entreprises de la wilaya comme promis par le ministre du secteur Mustapha Benbada lors de l'ouverture de la dernière édition de la fête du bijou abritée par la localité de Beni Yenni en 2007. Le ministre avait annoncé à l'époque que son département allait aider ces artisans qui étaient, il y a deux ans, au nombre de 78. Afin de mieux organiser l'activité et défendre leurs intérêts, le ministre avait invité les artisans à se structurer au sein d'une association et de procéder à la déclaration de leur activité. Vingt-quatre seulement ont répondu à cet appel, ce qui explique le nombre minime d'artisans ayant bénéficié de cette aide de l'Etat en plus de cycles de formation organisés à leur profit au sein du centre de la formation de la même localité. Une activité en déclin L'activité des artisans bijoutiers a connu un véritable déclin au fil des années pour de nombreuses raisons, et leur nombre s'est rétréci comme une peau de chagrin. De quelque 450 artisans répertoriés durant les années 1980, ils n'étaient plus que 35 en 2000. Voyant le danger s'installer sérieusement, la direction du secteur de l'artisanat a vite pris des mesures afin de sauvegarder cette activité ancestrale de la disparition qui la guettait en octroyant des aides aux artisans. Ces mesures ont fait que le nombre d'artisans a remonté jusqu'à 78 en 2007. Le déclin de cette activité, pourtant génératrice d'emplois en cette période où le chômage fait rage et terrasse de pans entiers de la société, s'explique en partie par l'attitude de l'Etat qui n'aide pas les façonniers ou, quand c'est le cas, avec peu d'argent. Il semblerait, selon certains artisans questionnés sur la place de Tizi Ouzou qu'un certain nombre de mesures ou d'actions prises par l'administration ne sont pas communiquées aux façonniers inscrits à la Chambre de l'artisanat. Il y a donc un manque énorme à gagner en matière de communication. D'autres facteurs ont aussi fait que l'artisanat en général est aujourd'hui sérieusement menacé. Citons entre autres, le manque de formation, le travail en solo, parfois même dans la clandestinité et le marché informel. Un secteur à repenser L'artisanat traditionnel demeure et reste toujours une activité purement commerciale, ce qui fait qu'elle tend de plus en plus à se vider de son sens. De ce fait, elle n'exprime plus les valeurs culturelles de la région, estime-t-on. A tout cela s'ajoutent les difficultés de l'approvisionnement en matière première. Les artisans se fournissent chacun comme il peut et selon ses propres moyens. A l'exception de l'Agenor, qui fournit les métaux précieux, pour les autres matières, les artisans de Tizi Ouzou font dans la débrouille. Aujourd'hui, cet important secteur doit être repensé même dans son fonctionnement. La wilaya de Tizi Ouzou est connue pour être une région où se pratiquent différents types d'artisanat, comme la poterie à Maâtkas, le bijou à Ath Yenni, le tapis à Aït Hicham… Hormis l'association professionnelle des artisans d'Ath Yenni, les autres activités ne sont pas représentées. Leur structuration permettra sans doute à l'ensemble des façonniers, chacun dans son domaine, de pouvoir mieux défendre leurs activités.