Rien ne semble aller comme il se doit du côté du complexe sidérurgique Arcelor Mittal, ces derniers temps, et les lettres de dénonciation n'en finissent pas de s'accumuler sur le bureau du SG du syndicat d'entreprise. Une situation qui est loin de celle qui a prévalu durant les quatre dernières années avec la trêve sociale maintenue vaille que vaille par Menadi, Kouadria et consorts, en vertu d'un accord passé entre le partenaire social étranger et les syndicalistes. Ainsi, après le mini séisme qui a ébranlé le siège social d'Arcelor Mittal El Hadjar, il y a un mois, suite à l'arrestation pour agissements frauduleux et la présentation devant un tribunal des deux principaux responsables de Grand Smithy Works, cette entreprise indienne spécialisée dans la récupération et la revente de métaux ferreux, c'est au tour de Efes Transports, une autre société à capitaux étrangers sous traitante avec le complexe sidérurgique, d'être mise à l'index. Ce sont les transporteurs algériens qui ont pour habitude de travailler pour le compte de l'usine, qui montent au créneau pour exiger réparation de l'injustice dont ils sont, semble-t-il, victimes de la part des gestionnaires indiens. Par une lettre circonstanciée adressée aux représentants des travailleurs et dont nous détenons une copie, ils accusent un manager en particulier de les avoir arbitrairement évincé pour confier exclusivement à une Sarl appartenant à un ressortissant turc installé à Annaba l'essentiel du fret des marchandises entrant et sortant du site métallurgique. Un contrat d'une durée exceptionnelle de deux années entaché de «népotisme», accuse les transporteurs signataires du brûlot. Ceux-ci affirment qu'en plus d'avoir été passé de «gré à gré avec la société Efes Transports», ce marché aurait été accompagné de nombreux avantages au profit de cette dernière. Et de citer «la pratique de tarifs de prestations supérieurs à ceux assurés par les opérateurs algériens», «l'exclusivité et la priorité aux camions de l'entreprise Efes avant ceux de tous les autres transporteurs», «lors des opérations de pesage, des avances sur facturations et bien d'autres facilités jugées discriminatoires». Allant jusqu'à déterminer le trop perçu empoché par la société turque, les auteurs de la lettre de dénonciation, affirment «sans sourciller» que Efes Transport a empoché et empoche encore des montants indus de l'ordre de 106 millions de dinars par trimestre, et ce depuis son entrée en activité, il y a maintenant deux ans. Des assertions qui sont à vérifier, bien entendu. L'avis du syndicat Le syndicat d'entreprise, qui se dit pour sa part sensible à la situation pénible que vivent les opérateurs locaux, se défend de prendre toutefois parti et a demandé à la direction d'Arcelor Mittal d'ouvrir une enquête d'audit. S'exprimant à propos de la présence en Algérie de la Sarl Efes Transports, le secrétaire général du syndicat d'entreprise considère que «tout investisseur digne de ce nom et de quelque nationalité qu'il soit est le bienvenu, à condition qu'il crée des richesses et des emplois et, surtout qu'il favorise l'essor économique du complexe». M. Smaïn Kouadria assure que ses camarades et lui-même sont mobilisés pour combattre «les manœuvres spéculatives» et tout ce qui porte atteinte à l'économie nationale. «Nous l'avons clamé et nous le répétons encore, nous n'accepterons jamais que l'on dilapide impunément notre patrimoine ou que l'on touche aux acquis des travailleurs. Ceci dit, nous continuerons à favoriser un partenariat enrichissant pour notre outil de production et, partant pour toute la région de Annaba.»