Après l'investiture du président de la République Abdelaziz Bouteflika et sa prise officielle de fonctions samedi dernier pour l'entame de son troisième mandat successif, c'est la formation du nouveau gouvernement qui retient l'attention des observateurs de la scène politique nationale. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia devrait remettre sous peu sa démission au chef de l'Etat, qui nommera un nouveau Premier ministre. Et selon les termes de la Constitution (article 78), il nommera également les membres du gouvernement après consultation du Premier ministre. Interpellée sur la configuration du prochain gouvernement, la classe politique diverge sur nombre de points. Si pour certains partis, la configuration du prochain gouvernement ne subira pas d'importants changements, d'autres par contre souhaitent renforcer leur présence en son sein. Au regard des nouvelles dispositions de la Constitution, il est attendu l'intégration plus soutenue des femmes pour les uns, et les autres se disent non concernés. Ainsi, le Front de libération nationale (FLN), par la voie de son chargé de communication, Saïd Bouhadja, estime qu'il est prématuré d'émettre un quelconque pronostic : "Je ne peux pas m'exprimer à ce sujet, mais si l'on prend en compte les dernières dispositions de la Constitution qui stipulent que l'Etat œuvre à la promotion des droits politiques de la femme, il y aura sans doute plus de femmes dans le prochain gouvernement", nous a confié Bouhadja, précisant cependant : "Je n'ai pas de données à ce sujet." Les mêmes réserves sont également exprimées au niveau du Rassemblement national démocratique. «Ce n'est pas de mes prérogatives d'en parler», s'est contenté de nous répondre Miloud Chorfi, porte-parole du RND, formation dont est issu l'actuel Premier ministre. Le chargé de communication du MSP, Mohamed Djemâa, estime pour sa part que «cela relève des prérogatives du président de la République» mais il croit savoir «que l'équipe actuelle va être reconduite dans sa majorité.» «Des petits changements probables au sein du gouvernement» Pour lui, il est clair que le renforcement de l'Alliance présidentielle va être consacré. Il préfère par contre ne pas spéculer sur «les petits changements probables au sein du gouvernement qui pourrait voir quelques personnalités l'intégrer». Interrogé sur les aspirations du MSP à ce sujet, notre interlocuteur espère que le mouvement auquel il appartient «pourra glaner des portefeuilles ministériels supplémentaires.» Il rappellera d'ailleurs à ce titre l'une des résolutions du conseil national du mouvement qui a demandé à la direction du parti de «travailler pour renforcer notre présence au sein du gouvernement.» Mais il demeure, estime Djemâa, que «le dernier mot revient au président de la République.» Au Front national algérien (FNA), dont le président Moussa Touati a pris part à la dernière consultation électorale, on estime que le prochain gouvernement ne subira pas de profonds changements. «L'alliance va être reconduite» nous dira Mohamed Tine, chargé de communication au sein de cette formation. Le FNA est secoué par une crise interne qui a failli, rappelons-le provoquer la tenue d'un congrès extraordinaire, quelques députés ayant exprimé leur souhait de voir le parti intégrer le gouvernement alors que la direction du parti s'y oppose. Interrogé à ce sujet, M. Tine tente de minimiser les faits : «La question n'est pas tranchée au niveau de la direction» nous a-t-il affirmé. Pour lui, «ces députés qui discutent dans leur cercle la possibilité d'intégrer le gouvernement sont une infime minorité. La priorité pour nous, c'est de réorganiser le parti pour faire face aux prochaines échéances.» Nous n'avons pas pu, par contre, joindre le PT dont la présidente et candidate malheureuse à l'élection présidentielle ainsi que les députés ont boudé la cérémonie d'investiture du président. Si la reconduction de l'équipe gouvernementale actuelle paraît pour beaucoup «logique» au regard de la politique de la continuité prônée par le président, il n'en demeure pas moins que certains ne cachent pas leur désir de briguer des postes ministériels.