Des représentants de soixante pays, dont l'Algérie, doivent participer à un sommet contre l'extrémisme violent, mercredi et jeudi à Washington pour tenter d'apporter des réponses autres que militaires, pour lutter contre ce fléau devenu une menace pour la stabilité de plusieurs pays. Annoncée par Washington en janvier, peu après les attentats de Paris qui ont fait plusieurs morts, la réunion doit proposer une approche totalement différente de celle mise en œuvre après les évènements du 11 septembre. Les Etats-Unis veulent une approche globale à long terme. "Nous avons besoin de réponses qui aillent au-delà du niveau militaire, au-delà de la force", a déclaré Joe Biden, vice-président américain, lors d'une table ronde mardi à Washington. La conférence voit la participation de hauts représentants de soixante pays, dont le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines Abdelkader Messahel qui mettra en évidence au cours de cette rencontre l'engagement de l'Algérie à lutter contre l'extrémisme radical, par son expérience dans le domaine de la lutte contre le terrorisme notamment les actions de déradicalisation. M. Messahel qui dirigera une importante délégation, prend part mercredi, à une réunion restreinte regroupant 28 pays autour de la question des combattants étrangers. Cette réunion sera ouverte par le secrétaire d'Etat américain, John Kerry et le ministre de la Justice, Eric Folder. Les violences n'ont de justification dans aucune religion Le sommet abordera le problème épineux de l'extrémisme violent, sans pour autant cibler particulièrement l'islamisme radical ni l'organisation autoproclamée Etat islamique (Daech/EI) même si l'organisation terroriste a véhiculé ses idées extrémistes et mené une propagande à grande échelle via les réseaux sociaux, notamment par l'enrôlement de milliers de jeunes combattants étrangers. L'administration américaine soutient que les attaques récentes des groupes terroristes dans différentes zones de conflits et de tensions ne peuvent trouver "absolument aucune justification" dans aucune religion. Les violences et persécutions de l'organisation Daech, du réseau terroriste d'Al-Qaïda, du groupe extrémiste nigérian Boko Haram ou des insurges somaliens Shebab, concernent aujourd'hui bon nombre de pays, en allant du Pakistan au Nigeria en passant par le Yémen, l'Irak, la Syrie, la Somalie ou la Libye. Nonobstant, parmi les victimes des attaques des groupes armés extrémistes et ultra-radicaux, les musulmans ont payé un lourd tribut dans nombre de pays arabes et occidentaux. Jeudi, le sommet réunira notamment Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, les ministres de l'Intérieur français et britannique, Bernard Cazeneuve et Theresa May, les ministres des Affaires étrangères de Jordanie et du Japon, Nasser Judeh et Yasuhide Nakayama, ainsi qu'Iyad Madani, secrétaire général de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). "Nous voulons organiser un vaste réseau pour combattre l'extrémisme violent", a expliqué un haut responsable de l'administration américaine. "Nous allons écouter le secteur privé, les villes du monde, les ONG et tous ceux qui peuvent contribuer à apporter une solution", a déclaré un autre responsable. Parmi les objectifs déclarés, celui d'améliorer le partage d'informations et de renseignements, et d'encourager la collaboration entre société civile, communautés et secteur privé d'un côté, et autorités de l'autre. Autre point important qui sera également abordé au cours de cette conférence, la lutte contre la radicalisation au sein des communautés. Les pays invités entameront une réflexion pour freiner la tentation de rejoindre des groupes terroristes dans les pays européens, mais aussi aux Etats-Unis, au Canada ou en Australie. En octobre dernier, un rapport du Conseil de sécurité de l'ONU estimait que 15.000 personnes, issues de plus de 80 pays, ont rejoint les rangs de Daech depuis 2010. La lutte antiterroriste, un axe majeur de la diplomatie algérienne L'Algérie poursuit son action de lutte contre le financement du terrorisme qu'elle mène à l'échelle mondiale. Après avoir réussi à rallier l'ONU et de nombreux pays à sa position concernant la criminalisation des paiements de rançons aux terroristes, Alger se prépare à accueillir, durant les prochains mois, une conférence de haut niveau sur le financement du terrorisme. Cette conférence se penchera sur l'élaboration d'un projet de protocole additionnel à la convention sur le terrorisme qui sera soumis aux Nations unies. Récemment, lors d'une rencontre avec les ambassadeurs des pays de l'Union européenne (UE), M. Messahel a rappelé que la tenue de cette conférence a été décidée, en septembre dernier à Nairobi, par le sommet du Conseil de paix et sécurité de l'Union africaine (UA). La lutte antiterroriste constitue un axe majeur de la diplomatie algérienne, dira fort à propos M. Messahel qui ajoutera que le retour à la stabilité et à la sécurité est un impératif pour la relance du développement économique et social et pour la consolidation des processus de démocratisation en cours dans nos pays. Les ambassadeurs des pays de l'UE, qui se sont félicités de cette rencontre, ont exprimé la disponibilité de leur organisation à appuyer les efforts de l'Algérie et à apporter une contribution pour favoriser le règlement des crises qui secouent la région et mettent en péril la stabilité et la sécurité en Méditerranée.