La vieille ville de Souika est tout ce qui reste de la ville ancienne d'avant la conquête française, bien que toutes les constructions ne datent pas d'avant 1837. Ce quartier n'est plus aujourd'hui que l'ombre de lui-même : les bâtisses menacent ruine, la plupart sont vidées de leurs habitants, il n'y reste plus que des ruelles mal éclairées, éventrées, malgré les timides efforts des habitants et commerçants qui s'évertuent à y activer. «Il faut avoir vécu à Souika pour pouvoir faire la différence avec ce qu'elle est devenue», attestent ses adeptes qui, malgré la dégradation du site, ne peuvent s'empêcher de remonter les ruelles de Sidi Rached jusqu'à Trik jdida, en passant par Kouchet Ezzayet et El Batha. Ammi Ahmed, l'un des anciens habitants de la vieille ville, évoque avec nostalgie l'époque où il vivait à Souika : «On avait du mal à garder notre intimité, bien que le problème ne se posait pas vraiment. Même le célèbre café Nedjma, celui de Kateb Yacine, n'est plus ce qu'il était.» Cependant, la vieille ville de Constantine étant classée secteur sauvegardé depuis 2004, l'appel d'offres relatif au plan de sa sauvegarde et de sa mise en valeur n' a été lancé qu'en octobre 2007. Ce plan de sauvegarde de la médina s'est retrouvé propulsé à grande vitesse dans une dynamique de réhabilitation qui s'opère dans la vieille ville depuis quelques années, bien qu'elle ait été souvent critiquée par les architectes constantinois qui estiment que la politique de sauvegarde à Constantine a été presque inexistante. De même pour les acteurs, qui sont généralement issus du secteur public : leurs interventions restent superficielles, incohérentes et combien isolées. Ces mêmes opérations timides, inadaptées et d'ailleurs anarchiques, n'ont eu aucun résultat positif sur son tissu urbanistique ; bien au contraire, certaines d'entre elles n'ont fait qu'aggraver la situation. Le problème majeur rencontré à chaque fois est celui de la propriété privée : des situations complexes et confuses dues à la multiplication des propriétaires. Sur une même construction ou parcelle de terrain, le nombre de propriétaires héritiers peut atteindre la cinquantaine ou même plus. Prise en charge décidée en 1999 Heureusement que ce vieux bâti est pris en charge par le master plan de la médina de Constantine décidé par le chef de l'Etat en 1999. Un projet en partenariat entre l'Algérie et l'Italie, qui a vu le jour en 2003 et vise essentiellement le règlement de la question controversée du statut des biens immobiliers et le maintien de certains traits fondamentaux du tissu social et économique. Ce master plan présente des méthodes d'intervention en matière de réhabilitation et de restauration, et la conduite à tenir dans des zones particulières de la Médina. Au niveau local, deux principales opérations ont été menées. Il s'agit de la réhabilitation du parc immobilier de la ville de Constantine, sous la direction de l'Office de Promotion et de Gestion Immobilière (OPGI) et de la réhabilitation de la rue Mellah-Slimane (vieux Constantine), expérience menée conjointement par l'université de Constantine et la wilaya.