Dans son rapport 2014, Amnesty International (AI) a pointé du doigt 160 pays pour diverses formes de comportement en matière de droits de l´homme. Ce document est particulièrement critique des méthodes employées en Espagne dans le traitement violent réservé aux Subsahariens en réponse à la tentative de pénétration forcée de ces immigrés clandestins dans la bande de séparation - située en territoire espagnol - entre le Maroc et Ceuta et Melilla. L´organisation internationale s´est notamment basée dans ses critiques sur l´utilisation de balles en caoutchouc par la gendarmerie espagnole contre des dizaines de Subsahariens qui, le mois de février 2014, avaient tenté de joindre à la nage, depuis le territoire marocain, la plage Tarajal de Ceuta. Dans leur panique - certains croyaient qu´il s´agissait de vraies balles - 15 y trouveront la mort par noyade, la plupart ne sachant pas nager. Un autre cas de violation des droits de l´homme en Espagne est cité dans le rapport d´AI. C'est celui d´un jeune Africain qui avait été violemment bastonné le 15 octobre de la même année lorsqu´il avait été intercepté dans sa tentative de pénétration dans la ville de Melilla. «Les rapports sur le traitement illégal des immigrés en situation irrégulière en Espagne nous parviennent toute l´année», précise le document qui comporte un volet sur les «expulsions à chaud» des immigrés subsahariens pratiquées depuis plusieurs mois par les autorités de Ceuta et de Melilla. Il s´agit d´une instruction donnée par le gouvernement Rajoy aux administrations locales de faire reconduire toutes les personnes qui parviennent à franchir les barrières de séparation entre le territoire marocain et les deux présides. Or, font observer les organisations humanitaires et le collège des avocats espagnol, ces «mesures sont illégales» car la «loi sur les étrangers» fait obligation aux corps de sécurité de conduire d´abord les sansèpapiers au commissariat national de police le plus proche, puis après les formalités d´usage, de les présenter devant le magistrat de permanence.
Le durcissement du code pénal
Cette pratique a été vivement critiquée d´ailleurs à Bruxelles où la Commission Européenne a dû fermement rappeler à l´Espagne que ce traitement violent réservé aux étrangers «viole les principes de l´Union Européenne en matière de protection des droits des étrangers». Une enquête a donc été ouverte par la justice espagnole suivie d´une mise en examen de 24 gendarmes, 16 impliqués pour la tragédie de Tarajal et les 8 autres dans la bastonnade du jeune Africain. Enfin, Amnesty International a critiqué le gouvernement du président Mariano Rajoy pour avoir fait adopter au Congrès des Députés des amendements au Code pénal instaurant la peine de prison perpétuelle. La nouvelle «loi sur la sécurité citoyenne» s´appliquera pour les graves cas, comme le terrorisme. Cette peine - en vigueur entre 1822 et 1928 - est considérée par l´opposition comme «la plus sévère de l´histoire d´Espagne» parce qu´elle prévoit «des châtiments non nécessaires et comporte en plus le risque de fragiliser l´article 25.2 de la Constitution sur la reconnaissance de la réinsertion sociale de la peine de prison».