Mettant à profit l'assemblée générale de l'Association des producteurs algériens des boissons (Apab), le président Ali Hamani a appelé jeudi à Alger à l'organisation du marché national de la boisson et à la lutte contre l'informel. Les douanes algériennes ont accepté de coopérer avec l'association en vue de lutter contre les fausses déclarations auxquelles recourent certains importateurs.En cette période de chaleur, la consommation des boissons et des jus de fruits augmente considérablement avec son lot de risques. Selon le président de l'Apab, «les producteurs et le mouvement associatif devront contribuer à organiser le marché national de la boisson et à protéger le consommateur algérien de l'informel». Le marché est miné par une multitude de marques échappant à tout contrôle de qualité et comportant de fausses étiquettes.M. Hamani a déploré «la tromperie dont est victime le consommateur algérien qui ne fait pas la différence entre une eau minérale et une eau naturelle embouteillée». La création d'associations de protection du consommateur pour amener les producteurs à respecter la qualité et les normes et en même temps lutter contre l'informel que connaît le marché national de la boisson devient une nécessité, selon lui. D'après une étude de la commission européenne réalisée sur la filière des boissons, il existe environ 1400 producteurs, dont seulement une minorité sont des professionnels investis pleinement dans cette branche. Le marché algérien connaît également la concurrence de certaines marques étrangères, notamment saoudiennes et italiennes, gagnant de plus en plus de parts de marché. A ce sujet, M. Hamani a fait part de la collaboration «fructueuse» engagée entre son association et la direction générale des douanes algériennes dans le but notamment de mettre en place une fourchette des prix des boissons et des matières premières utilisées dans leur fabrication à partir de données réelles et non sur de fausses déclarations faites souvent par des importateurs. Cette collaboration vise également à inciter les importateurs de boissons et de matières premières utilisées dans cette industrie au respect de l'étiquetage de leurs produits afin de permettre aux citoyens de «savoir ce qu'ils consomment et à quel prix». Contacté, Slim Othmani, directeur général de NCA Rouiba et membre de l'Apab, nous explique que l'association travaille avec les services des douanes depuis plus de six mois sur ce dossier de fausses déclarations. «Nous avons constaté que certains importateurs procèdent à des fausses déclarations, notamment des prix des produits importés et des matières premières. Notre objectif est d'informer les douanes sur la réalité des prix des boissons gazeuses, les boissons alcoolisées et les jus pratiqués sur les marchés internationaux.» Avec la direction générale des impôts (DGI), l'association des producteurs de boissons a abordé le système fiscal appliqué notamment pour les eaux minérales. M. Hamani a demandé l'«unification» et la «réduction» des taxes imposées à leurs produits. De son côté, M. Othmani parle d'une «taxation élevée des eaux embouteillées» ayant atteint 16%, et ce, sans compter l'impôt sur le bénéfice et la taxe sur l'activité professionnelle supportés par les producteurs». Le DG de NCA Rouiba a souligné également que les producteurs d'eau minérale ne payent que 1% de taxe à l'étranger. «Les taxes appliquées en Algérie se répercutent sur les consommateurs et handicapent les investissements entrepris par les industriels de la boisson», tient à faire part M. Othmani. Pour permettre à la production nationale d'évoluer dans un contexte de concurrence saine, M. Hamani a souhaité que «les produits importés bénéficiant de subvention dans leur pays d'origine ne devraient pas avoir les mêmes avantages accordés à l'investisseur local». Il a en outre estimé que l'industrie nationale des boissons «se porte bien est arrive même à exporter ses produits vers l'étranger». Notons au passage que M. Hamani a été réélu à l'issue de l'assemblée générale à la tête de l'association des producteurs de boissons.