L'ouvrage de l'ancien moudjahid Mohamed Chérif Ould El Hocine Au cœur du combat, publié en français et en arabe, sera en vente cette semaine en tamazight Cette initiative est guidée, selon l'auteur, par le devoir de rapporter aux générations montantes une partie de l'histoire de la guerre de libération en Algérie, et afin de rendre hommage non seulement aux moudjahidine dont les noms sont connus, mais aussi à l'ensemble de la population qui a contribué d'une manière extraordinaire à cette guerre qui pourrait s'assimiler à une guerre de religion. La rencontre, organisée dans son Entreprise de panneaux de signalisation routière (EPSR), sise à Chéraga (Alger), a été l'occasion pour l'auteur de regrouper ses anciens compagnons d'armes dont la plupart sont cités dans son recueil de récits et de témoignages. Une rencontre des plus riches, car ces derniers ont à tour de rôle relaté les faits d'armes les plus célèbres de manière modeste, spontanée et avec les détails les plus précis. L'auteur, pour sa part, raconte honnêtement et simplement la vie et le combat des moudjahidine harcelant l'armée française dans les régions de Blida, Médéa, Cherchell et dans les monts du Zaccar. Morts pour l'indépendance Dans cet ouvrage historique, l'auteur parle davantage de ses compagnons que de lui-même, et spécialement de ceux qui sont morts les armes à la main. Nous citerons à titre d'exemple Tayeb Benmira, Braham Brakni, Si Zoubir (Tayeb Souleiman, mort en affrontant seul une dizaine d'hélicoptères pour permettre à plus de 400 étudiants et lycéens de rejoindre le maquis) et plusieurs autres moudjahidine qui ont sacrifié leur vie pour défendre leur patrie et pour que les générations futures puissent jouir de l'indépendance et de la libre pratique de leur religion. Pour Ould El Hocine, sa mission est enfin accomplie avec la parution de son ouvrage en langue berbère. Selon lui, le plus important est de faire la lumière sur notre histoire qui risque d'être ternie par les récits rapportés par les historiens français ou les harkis. Le plus important pour lui est également de permettre à tous les Algériens sans exclusive de s'imprégner des faits relatés de façon honnête et franche, pouvant générer une véritable «prise de conscience». Cet ouvrage est imprégné du serment de Novembre, car il a «fait la promesse de rendre hommage à tous les martyrs». Consacré aux faits d'armes auxquels il a participé de 1956 à 1959, le livre est issu en vérité du carnet que possédait le moudjahid alors qu'il était au maquis, et où il enregistrait «les précieuses informations», carnet enterré à plusieurs reprises de peur de le perdre lors des combats sanglants ou encore qu'il soit récupéré par l'armée française s'il venait à être fait prisonnier. Histoires authentiques C'est une suite de récits authentiques portant sur des actions menées par deux unités d'élite de l'ALN (Wilaya IV) qui contribuent à compléter des lacunes dans l'histoire de la prestigieuse ALN ainsi que l'atteste Hadj Benalla, moudjahid et ancien compagnon de l'écrivain : «C'est pour cela qu'il faut saluer l'infatigable moudjahid Ould El Hocine qui a réussi à reprendre sa plume, sa nouvelle arme de combat, pour apporter d'autres contributions et témoignages afin que nul n'oublie», dit-il. Né à Hadjout en 1933, Mohamed Chérif Ould El Hocine rejoint les rangs de l'ALN en 1956 dans la Wilaya Iv, d'abord en tant que moussabil puis fidaï ; il est intégré au sein du commando Si Zoubir au lendemain de l'attentat du 13 janvier 1957 dans la ville de Marengo, puis fera partie de la valeureuse katiba El Hammadia qui infligea de cuisants revers à l'ennemi. Membre du conseil sectoriel de Cherchell, responsable des renseignements et liaisons, il est nommé par la suite chef du secteur politico-militaire de l'Ouarsenis puis membre du conseil régional de Theniat El Had. En 1958, blessé au cours de la bataille de douar Siouf (Taza-Trolard), il est évacué au Maroc pour des soins. Après la période de convalescence, il est envoyé à Budapest (Hongrie) pour y effectuer un stage professionnel en 1960, à l'issue duquel il rejoint Tunis, siège du GPRA, en mai 1961. Par la suite, il a fait partie d'une délégation de l'UGTA qui a assisté à Genève à un séminaire syndical organisé par la CISL. Durant la même année, il crée l'Association des réfugiés algériens en Suisse. Il revient enfin à Alger le 19 mars 1962 où il sera témoin de la folie meurtrière de l'OAS.