Le retrait de M. Soltani du gouvernement n'est qu'un simple effet d'optique qui ne change rien à l'équation du parti islamiste dans sa relation avec le pouvoir. L'interdiction des cumuls des postes de responsabilité consacrée par le dernier congrès du MSP (Mouvement pour la société et la paix) et le retrait annoncé à demi-mot par l'ancien-nouveau président du parti, Bouguerra Soltani, reconduit à la tête du parti islamiste, annoncent-ils un changement dans le positionnement du parti par rapport au pouvoir auquel il est politiquement lié de part sa qualité de membre de l'Alliance présidentielle aux côtés du FLN et du rnd ? La participation du parti au gouvernement et son soutien au programme de Bouteflika illustré par son implication dans l'Alliance présidentielle a créé au sein du parti un climat de crise latente que l'équipe dirigeante a tenté tant bien que mal de gérer durant toutes ces années en neutralisant les partisans de la ligne dure qui refusent tout rapprochement et compromis avec le pouvoir. Le MSP qui a payé en termes électoraux sa politique cohabitationniste avec le pouvoir en cumulant de mauvais résultats électoraux au cours des scrutins successifs de ces dernières années était placé devant un choix difficile : continuer dans cette voie en faisant de la sous-traitance politique au profit du programme présidentiel ou reprendre sa liberté de réflexion et d'action comme devrait l'être un parti d'opposition qui se respecte. Entre un poste de ministre d'Etat beaucoup plus politique et symbolique que de décision et la présidence du Msp, Bouguerra Soltani a fait son choix de se consacrer exclusivement à son parti. A bien y réfléchir, le président du Msp n'a pas beaucoup à perdre au change en quittant l'Exécutif et en rendant sa carte d'accès à la présidence de la République. La consigne du parti Car en dehors des avantages liés au poste et des invitations aux cérémonies officielles de la présidence de la République, le président du Msp, ministre d'Etat, n'avait aucune prérogative comme pourrait le suggérer sa fonction officielle. Le nombre de fois où il s'était vu confier des missions officielles par le président de la République pour le représenter dans des événements à l'étranger se comptent sur les doigts d'une main. C'est dire combien pèse le poste de ministre d'Etat qu'occupe le président du Msp dans l'organigramme de l'Exécutif ! En accédant à la volonté des congressistes du parti de quitter l'Exécutif pour se consacrer pleinement aux affaires du parti – une décision à laquelle il n'est certainement pas étranger – Bouguerra Soltani entend-il concentrer toutes ses forces et son énergie à d'autres objectifs qui nécessitent une disponibilité et une liberté d'action qu'il ne pouvait pas avoir en étant embourbé jusqu'au cou dans l'Exécutif ? En interdisant le cumul des fonctions à son président, le Msp a-t-il voulu préserver son premier responsable et le préparer pour les futures batailles électorales en tant que candidat du parti à l'élection présidentielle d'avril 2009 ? C'est la seule lecture plausible qu'il convient de faire de ce changement statutaire qu'il ne faudrait surtout pas assimiler à une quelconque volonté du parti de rompre ses liens avec le pouvoir en ramenant au bercail le président du parti. Car si telle était l'ambition du parti, les ministres Msp seraient eux également sommés de rendre le tablier. Le président du Msp a annoncé son départ de l'Exécutif, mais les ministres du parti restent. C'est la consigne du parti. La politique de l'entrisme du MSP a permis au parti d'obtenir des portefeuilles ministériels se contentant même des postes techniques, mais ne lui a pas fait gagner beaucoup d'électeurs. Bien au contraire. Le retrait de M. Soltani du gouvernement n'est en cela qu'un simple effet d'optique qui ne change rien à l'équation du parti islamiste dans sa relation avec le pouvoir. Ce n'est pas un fait politique majeur de nature à remettre en question les engagements du parti avec ses partenaires de l'Alliance présidentielle et son soutien à Bouteflika. Et si tout cela n'est que mise en scène préélectorale ? Autrement dit, est-ce qu'il ne s'agit pas d'un simple lièvre qui est sorti de la présidence de la République avec la bénédiction de Bouteflika pour planter le décor de l'élection présidentielle et lancer la machine électorale qui peine à démarrer !