C'est un message qui fera date. Le discours du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lu en son nom à Ghardaïa par Mohamed Benamar Zerhouni, conseiller à la présidence, à l'occasion de la célébration de la fête de la Victoire, se décrit comme une halte qu'il a fallu marquer pour rappeler à la conscience collective les sacrifices d'hier pour se libérer du joug du colonialisme et les efforts consentis aujourd'hui sur plusieurs fronts pour un meilleur avenir national. Incontestablement, Bouteflika a encore une fois usé de son art d'homme politique chevronné, de sa qualité d'orateur hors pair qui sait choisir ses mots pour provoquer un éveil de conscience, replaçant au-delà de toute considération cette nécessité de mieux développer ce pays nommé Algérie et dont l'histoire est jalonnée de faits héroïques. Consolider la stabilité du pays en multipliant notamment les efforts visant à apaiser les tensions auxquelles sont confrontées les Etats voisins de l'Algérie, renforcer le front intérieur contre ces velléités de divisons entretenues par certains «pseudo hommes politiques» adeptes de la fitna, et enfin rappeler l'attachement de l'Etat au développement des régions du Sud, ce sont là les principaux points évoqués par Bouteflika dans son message à l'occasion de la date du 19 mars, fête de la Victoire. Le 19 Mars, jour du triomphe de la justice et de la défaite de l'injustice «Le 19 Mars est le jour du triomphe de la justice et celui de la défaite de l'injustice, c'est le jour où le peuple algérien finit par avoir raison du colonialisme et lui asséner une leçon magistrale, fruit du calvaire qu'il a enduré tout au long d'une histoire faite de combat et de lutte, le jour où la nation algérienne a retrouvé son honneur, le jour du retour de sa fierté et de sa dignité et le jour où il fut pris acte des sacrifices consentis par ses vaillants enfants et ses preux combattants, pour la liberté et l'émancipation», a indiqué le chef de l'Etat dans son message. Pour le président algérien, le mois de mars est celui de la «liberté du Maghreb arabe». Mars est ale mois durant lequel l'Algérie commémore le souvenir de nombre de ses héros immortels. Le mois de l'accession de la Tunisie et du Maroc frères à l'indépendance, le mois où l'aube de la liberté s'est levée sur l'Algérie en 1962», a en effet rappelé le premier magistrat du pays. «Nous commémorons en ce jour le souvenir de tous ceux qui, depuis que la soldatesque coloniale a souillé cette terre, se sont sacrifiés pour que vive l'Algérie libre et indépendante, ceux-là qui sont dignes de l'éternelle gratitude du peuple algérien», a-t-il ajouté. Pour Bouteflika, «la glorieuse Révolution algérienne, qui s'inscrit dans la dynamique de la lutte du mouvement national et puise son impulsion dans l'historique Déclaration du 1er Novembre 1954 s'est imposée en tant que modèle pour maintes révolutions de par le monde et a grandement contribué, de ce fait, à l'indépendance de nombreux pays grâce à ses réalisations et sacrifices fondés sur des valeurs et des idéaux qui en firent un référentiel universel pour tous les peuples colonisés en quête de liberté, de dignité et de souveraineté. Bouteflika persiste et signe. La commémoration de la date du 19 mars est pour lui «une occasion de réaffirmer notre ferme volonté de perpétuer le message des martyrs, le message de Novembre», a-t-il dit. «Nous commémorons aujourd'hui ces faits, alors que l'Algérie va résolument de l'avant dans tous les domaines, qu'il s'agisse du renforcement de la conscience nationale ou de la consécration de la paix et de la réconciliation nationale, ou encore de la consolidation de la confiance et la concrétisation des aspirations de notre peuple, grâce aux projets de développement», a encore argué» le chef de l'Etat. Fermeté et rigueur contre les adeptes de la «terre brûlée» Dans son message prononcé à l'occasion de la célébration de la fête de la Victoire, Bouteflika déplore et dénonce même les dires dangereux de certains pseudo hommes politiques minés «par le dessein d'arriver au pouvoir, même en mettant notre Etat en ruine et en marchant sur les cadavres des enfants de notre peuple». Il s'agit là bien évidemment d'un comportent nocif qui mérite d'être vigoureusement dénoncé. Dénonciation que le président Bouteflika n'omettra pas d'inclure dans son message en choisissant, pour ce faire, des propos sans ambages. «Etant fils de ce peuple et pour avoir consacré ma vie à son service et partagé ses joies et ses peines, je me dois, en vertu du poste où il m'a volontairement placé, de vous parler en toute franchise et de vous dire combien je redoute la nocivité de ceux d'entre nous qui se sont laissé glisser sur la dangereuse pente de la politique de la terre brûlée», accuse le chef de l'Etat. «Des pseudo hommes politiques s'évertuent, matin et soir, à effrayer et démoraliser ce peuple, à saper sa confiance dans le présent et l'avenir», a-t-il encore fustigé. Pour autant, le chef de l'Etat se dit aussi convaincu que «le peuple n'a pas accordé et n'accordera pas de crédit à leurs sornettes». Les Algériens sont de l'avis de leur Président : «Un peuple vaillant qui réprouve le mal et la déloyauté et méprise ceux qui s'y adonnent, un peuple qui aspire à aller de l'avant et à investir l'énergie de sa jeunesse dans une dynamique nationale tous azimuts ayant pour finalité de construire et non pas de détruire». Le chef de l'Etat ne s'arrête pas là cependant, et avertit les semeurs de discorde et de désespoir d'une réplique ferme et vigoureuse de la part de l'Etat. «Cet état de fait nous met dans l'extrême obligation d'user d'un surcroît de fermeté et de rigueur pour défendre l'Etat», justifie le président de la République. «C'est un devoir constitutionnel, légal, légitime et moral qui ne peut souffrir ni report ni dérobade. Les vaillants fils de cette nation doivent se mobiliser et s'unir pour renforcer le front intérieur afin de parer aux risques qui guettent, à l'heure actuelle, notre région qui grouille de troubles et de menaces», a-t-il encore ajouté. Le Sud est indissociable de l'Algérie C'est Ghardaïa qui a été officiellement choisie cette année pour célébrer la fête de la Victoire correspondant à la date du 19 mars de chaque année. Ce choix n'est pas fortuit, compte tenu des derniers événements qu'ont connus certaines villes du Sud, notamment la localité de Ghardaïa, mais aussi celle d'In Salah, foyer de la contestation antigaz de schiste. Pour Bouteflika, «le Sud est indissociable de l'Algérie, et l'on ne peut exister sans l'autre». «Ils constituent un seul et même corps, tant et si bien que la douleur ne peut en affecter une partie sans affecter tout le corps. L'Etat s'est engagé à servir ses citoyens partout à travers le pays. Il ne saurait les délaisser ni nuire à leurs intérêts», dira le chef de l'Etat. L'Etat algérien est «généreux et offensé par la propension de certains de ses citoyens à douter de lui et de ses engagements», déplore Bouteflika. Evoquant In Salah, il qualifie cette ville du Sud de «prunelle de nos yeux». Cette localité n'a été avare, de l'avis de chef de l'Etat, «ni de ses ressources ni de l'apport des meilleurs de ses enfants. Elle l'a gratifiée de deux richesses, celle du gaz et celle des hommes». «C'est ce qui lui vaut une pleine reconnaissance et une entière gratitude, et d'être la bénéficiaire de mesures et de plans destinés à améliorer les conditions de vie de sa population et introduire un changement qualitatif qui la hissera à un niveau de développement similaire à celui prévalant au nord du pays», a-t-il ajouté. Toutefois, Bouteflika se dit aussi «particulièrement affligé de voir des enfants de la région poussés à nuire à l'Etat de leur pays, et de constater que d'autres tendent à mettre en doute le dévouement et l'intégrité des dirigeants de leur Etat et à s'inscrire en faux contre le bien-fondé de leurs actions, décisions et plans conçus pour réaliser le développement du pays dans son ensemble». Et d'ajouter : «Sans une connaissance suffisante des potentialités de notre sous-sol en gaz et en pétrole et gaz de schiste, il ne nous sera pas possible de planifier les étapes futures du développement de notre pays». «Nous nous conformerons à cette option jusqu'au bout» appuie encore le président de la République, précisant toutefois que «nul n'a le droit et ne peut se permettre d'agir d'aucune manière pouvant attenter aux intérêts des citoyens, à l'écologie et à l'intégrité géologique de quelque zone territoriale que ce soit». Le chef de l'Etat appelle en outre les citoyens d'In Salah «à privilégier la sagesse et à faire prévaloir la raison, car la préservation de la santé des citoyens et de leur environnement est la ligne rouge que ni l'Etat ni nulle autre partie ne peut franchir». Le chef de l'Etat évoque aussi dans son discours le nouveau découpage territorial annoncé pour les régions du Sud et des Hauts Plateaux. «A cet égard, je dois rassurer les citoyennes et les citoyens que les mesures arrêtées seront concrétisées dès que sera réglée la question préjudicielle liée aux procédures réglementaires. Pendant ce temps, les secteurs concernés seront mobilisés pour réunir les conditions techniques et préparer les divers moyens nécessaires afin de garantir l'aboutissement du processus», a-t-il dit. Il rappelle par ailleurs que son «attachement à l'unité de la nation algérienne n'a d'équivalent que mon attachement à l'intégrité territoriale de notre pays. «Je n'éprouve aucune aversion qui puisse surpasser celle que j'ai pour la division des enfants de l'Algérie et pour le fanatisme racial, religieux ou régional d'où qu'il vienne», dira le premier magistrat du pays. Ainsi, et s'agissant de Ghardaïa, il souligne que l'Etat est déterminé à poursuivre ses efforts et à ne rien épargner pour rétablir le calme dans la région. «L'Etat mobilisera tous les moyens et toutes les capacités nécessaires pour ce faire», assure le chef de l'Etat La stabilité de la sous-région est le souci majeur de l'Algérie Autre aspect évoqué par le président de la République dans son discours à l'occasion de la célébration de la proclamation du cessez-le feu, la stabilité des pays de la sous-région qui demeure, a-t-il dit, «le souci majeur de l'Algérie». «Au Mali, en Libye et partout ailleurs dans la sous-région, la recherche de la stabilité demeurera un souci permanent de l'Algérie en ce qu'elle contribue à la création des conditions d'une lutte efficace contre le fléau du terrorisme et ses connexions qui constituent une menace sérieuse pour la sécurité de l'ensemble des pays de la région», a en effet soutenu le chef de l'Etat. S'agissant de la Libye, Bouteflika assure que «l'Algérie continuera à apporter son plein soutien et toute sa contribution aux efforts en cours pour permettre au peuple libyen frère de préserver son unité, sa souveraineté et l'intégrité territoriale de son pays. Le président de la République a aussi salué «le haut degré de maturité des frères maliens et leur ferme attachement à mettre fin à la crise qui a failli mettre à mal leur pays par la voie du dialogue et de la réconciliation nationale, dans le plein respect de l'intégrité territoriale, de l'unité nationale du Mali et d'une cohésion renforcée de la société malienne».