«Nous voulons des prix du pétrole équitables», a plaidé hier Abdellah Al Badri, secrétaire général de l'Organisation des pays producteurs du pétrole (OPEP), lors d'une conférence de presse animée conjointement avec Chakib Khelil , ministre de l'Energie au siège de son département ministériel. M. Al Badri qualifie «d'injuste» la conjoncture actuelle des prix, en la comparant avec le marché des matières premières. Au moment où les prix des matières premières et des produits alimentaires n'ont baissé que de 5%, ceux du pétrole ont chuté de 50%. «Nous n'acceptons pas les prix actuels du pétrole», a-t-il lancé. Selon lui, «un baril à 50 dollars est insuffisant pour pouvoir réaliser les projets». Et de souligner que «la moyenne des prix devra atteindre les 75 dollars le baril», pour permettre aux pays producteurs de poursuivre la réalisation de leurs investissements et garantir de bons revenus. Les prix auraient atteint les 30 dollars si «ce n'est les différentes baisses décidées par le cartel en 2008 et qui totalisent 4,2 millions de baril/jour», fera remarquer M. Al Badri. Le niveau actuel des stocks, enchaîne Chakib Khelil, représente 60 jours de consommation, alors que l'objectif à atteindre est de 52 jours. Il s'attend d'ici la fin de l'année à voir les prix se situer autour de 60 dollars le baril. Mais, «ceci dépendra de la reprise de la demande». Les pays membres de l'Opep ont appliqué à hauteur de 83% leurs engagements de retrait du marché 4,2 millions/barils/jour. Il reste encore à retirer 722 000 barils/jour pour atteindre l'engagement pris en 2008. «L'organisation espère que le taux de réduction atteindra les 95% d'ici la fin de ce mois d'avril», affirme le secrétaire général de l'organisation. Le cartel, qui poursuit ses efforts pour réduire sa production et soutenir les cours du brut, est déterminé à appliquer entièrement les réductions de production décidées fin 2008 pour atteindre un objectif de production de 24,84 mbj. A propos de l'impact de la baisse des prix sur les investissements, Abdellah Al Badri remarquera que sur 160 projets, 35 projets ont été gelés jusqu'au-delà de 2013. Même les projets déjà engagés ont été prolongés d'une à trois années. La baisse des recettes, a-t-il remarqué, s'est répercutée sur les investissements. Un bilan annuel sera réalisé par l'OPEP en juillet prochain, permettant d'avoir le détail des investissements dans l'ensemble des pays membres de l'organisation pétrolière. Il est possible que d'autres projets soient gelés, s'inquiète Abdellah Al Badri, qui a refusé de citer les pays concernés par le gel des projets. Et à Chakib Khelil d'enchaîner pour relever que l'OPEP pourra prendre de nouvelles décisions de réduction de la production pétrolière lors de sa prochaine réunion qui se tiendra le 28 mai prochain, jusqu'à ce que les prix aient atteint le niveau voulu. Une nouvelle baisse n'est décidée qu'en fonction des évolutions de l'offre et de la demande et du niveau des stocks. Elle dépendra également de la durée de la récession et avec quelle force la croissance économique allait reprendre. De toute manière, résume le ministre, «il reste encore un mois avant la prochaine réunion de l'OPEP». De nouveaux facteurs influents sur les prix peuvent intervenir d'ici là comme la crise politique. Le ministre a relevé que l'Opep était «la seule» à fournir l'effort nécessaire en vue de rétablir la stabilité du marché pétrolier. Ni les consommateurs ni les pays hors Opep n'ont aidé à cet effort», a-t-il affirmé sur ce point. L'Opep, poursuivra Abdellah Al Badri, prendra en considération dans sa décision, lors de sa prochaine réunion qui se tiendra à Vienne, les signes de relance économique au niveau mondial. De son avis, «il y a des signes de relance positifs de l'économie mondiale qu'il faut prendre en considération dans la prise de n'importe quelle décision à l'avenir». Par ailleurs, les recettes des pays exportateurs de pétrole membres de l'organisation pétrolière ont enregistré des pertes de l'ordre de 30% en 2008. «Mais 2008 n'est pas une année de référence car c'est une année exceptionnelle», a indiqué Abdellah Al Badri. Les prix en 2008 ont été causés par la spéculation. Depuis 2002, le prix moyen du pétrole est de 54 dollars, a-t-il rappelé.