La vengeance se concrétise sous plusieurs formes. Parfois, ce sentiment ignoble ne tend pas seulement à rendre la pareille quand on en est victime, mais à cultiver le culte du mal. Celui qui vole se croit également victime de sa proie parce qu'il a osé le poursuivre en justice. C'est malheureusement le cas de l'accusé qui a comparu hier devant le tribunal criminel près la cour d'Alger. âgé de 26 ans, H.R. a été poursuivi pour incendie volontaire et agression à l'arme blanche. L'affaire remonte au 12 août 2004. Il est deux heures du matin quand la cellule de communication de la Sûreté d'Alger reçoit un appel d'urgence. En arrivant sur place, les agents de police trouvent le dépôt de marchandises entièrement consumé par les flammes et le propriétaire blessé, après avoir été attaqué par deux malfaiteurs. La victime a pu toutefois apercevoir ses deux agresseurs. Ce qui facilita l'enquête aux policiers qui ont réussi à arrêter l'un d'eux. L'agresseur, qui était déjà animé de rancune à l'égard de l'accusé H.R., a fait de cette arrestation un moment propice pour se venger de son copain qu'il dénonça pour vol d'un portable. Tout au long de l'audience, l'accusé non habitué aux procédures judiciaires s'est retrouvé bien embarrassé tout en clamant son innocence. «Je suis là pour rien. Je n'ai contribué ni de près ni de loin à ce crime. D'ailleurs, lors de cette agression j'étais à Annaba.» Ce jeune pourtant connu pour sa bonne conduite n'a pas réussi à échapper à la cruauté de son ami. Sportif, pratiquant la lutte gréco-romaine, il n'arrivait pas à admettre cette amère réalité. Se retrouver en détention préventive pour un crime qu'il n'a pas commis était pour lui impossible à admettre. Fort heureusement, la victime munie de bon sens a déclaré devant le jury que la personne présentée comme étant accusée ne ressemble aucunement au deuxième agresseur, toujours en liberté. N'empêche que le procureur a requis une peine de 20 ans de prison à l'encontre du malheureux accusé. En entendant la peine requise, ce dernier, qui ne sait même pas comment se passe une audience, s'est mis à pleurer en croyant que c'était là le jugement définitif. Convaincu de son innocence, le jury l'a acquitté.